Pour tous les observateurs, le Brexit n’avait aucune chance de l’emporter, idem pour Trump. Mais les faits sont têtus : la vague populiste et xénophobe frappe partout et défie tous les pronostics.

Cette situation appelle à une réaction rapide des Européens, d’abord car la menace existe ici aussi : 80% des Européens votent Clinton, mais font semblant de ne pas voir tous les Trump d’Europe. On fait mine de croire qu’un plafond de verre empêchera Mme Le Pen d’accéder au pouvoir en France par exemple. Il faut le marteler : ce plafond de verre n’existe pas.

Pour vaincre les nationalismes et la tentation du repli, il ne faut pas reprendre les propositions démagogues comme le font certains responsables politiques, à gauche comme à droite : agir ainsi revient à légitimer les extrêmes. Il faut, au contraire, les combattre pied à pied, et surtout réussir et tenir nos promesses. Affronter les mouvements s’autoproclamant populistes c’est évidemment aussi renouer avec les attentes du peuple, le faire et le vivre ensemble. La social-démocratie doit être offensive et claire dans ses orientations.

Pour défendre et protéger les Européens, l’Union européenne est, encore plus aujourd’hui, un outil indispensable et incontournable. Elle est pourtant le prochain domino du monde libre qui menace de tomber. Le Brexit est une première occasion pour l’Union européenne de se refonder. Aux États membres qui paralysent l’Europe – comme sur le soutien au Portugal et à l’Espagne, la fin des mesures d’austérité ou les instruments de défense commerciale – nous leur disons clairement qu’ils doivent choisir de nous soutenir tant qu’il en est encore temps. L’Europe n’a plus le choix : soit elle sombre dans les nationalismes, auquel cas M. Poutine se frotte les mains tant l’OTAN est menacée de disparition avec l’élection de M. Trump. Soit elle décide d’être enfin et vraiment solidaire et d’agir dans l’intérêt général de ses citoyens, de lutter vraiment contre l’évasion fiscale, de soutenir les jeunes et la transition écologique ou d’élaborer une nouvelle doctrine de politique commerciale.

Enfin, chacun doit prendre ses responsabilités, et l’environnement économique des médias est aussi une question : la course aux clics pour se rémunérer via la publicité a poussé les médias britanniques à mettre en avant les pires mensonges sur l’Union européenne, et à faire de M. Trump une star des polémiques aux États-Unis. En France, le comportement est le même vis-à-vis du Front national d’une part, et des informations négatives sur l’Europe – et souvent fausses – d’autre part. Il y a, là aussi, sans jamais dédouaner la responsabilité des politiques en fonction, un rôle dangereux pour tout le monde, qui peut mener la presse à la situation que vivent les journalistes turcs ou hongrois.

Bref, nous le disons trop souvent, il y a urgence ; il n’est peut-être pas trop tard pour faire de l’Union européenne le rempart libre et démocratique de ce monde.