À Bratislava, sans les Britanniques, les 27 États membres de l’Union ont avancé pour répondre à une préoccupation majeure des Européens, celle de la sécurité et de la défense.

En même temps, quel message renvoyait le logo de cet événement ?

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Que voit-on ? Une Union européenne noyée et dominée par les États, avec un fantasme de forteresse Europe, alors même que cette dernière menace de s’effondrer comme un château de carte.

Avec Bratislava, deux visions de l’Europe s’affrontent : une première, celle des États, où chacun vient négocier son bout de gras et son seul intérêt, profitant de la règle de l’unanimité. Cette dernière ne répond pas à l’urgence. Cette incapacité à se mettre d’accord et à agir pour l’intérêt général renforce ceux-là même qui préconisent encore plus d’Europe des Nations. La deuxième vision de l’Europe, c’est celle d’une Europe où l’intérêt général et la solidarité dominent, celle-là même que défend François Hollande.

Dans les conclusions de Bratislava, nous regrettons que la question centrale de la relance économique soit passée sous silence. Dans ce contexte, le Parlement européen doit être le lieu du réveil et démontrer que là où l’Europe parle d’une voix, ça marche. La sanction par la Commission européenne d’Apple, pour 13 milliards d’euros, en est une belle illustration. Cela n’a été possible que parce que, contrairement à la règle de l’unanimité qui prévaut en matière fiscale, seule la Commission européenne a le pouvoir en matière de concurrence et d’aides d’État, sans que les États ne s’en mêlent.

Le Parlement européen doit, dans les mois qui viennent, démontrer qu’une véritable Union, cela fonctionne. Ainsi, le débat budgétaire est une vraie cartouche pour sauver l’Europe : l’argent, c’est le nerf de la guerre, et le budget européen, doté de ressources propres, est la réponse aux défis que nous devons relever. La transition écologique et économique nécessite des investissements, l’accueil des réfugiés appelle à des financements, la sécurité demande de l’argent ; ces politiques menées conjointement réduisent le chômage. Poser la question du budget et des ressources propres, c’est aussi poser la question d’une fiscalité européenne, et contraindre les multinationales à payer l’impôt là où les profits sont réalisés.

Le Parlement européen a souvent, par le passé, lancé la bataille budgétaire, pour finalement capituler sous la pression des États. Cette fois-ci, il faudra tenir, faute de quoi les europhobes auront déjà gagné, sans attendre les élections de 2017.