La Commissaire Fischer Boel a présenté à Strasbourg son bilan de santé de la PAC devant la commission de l’agriculture et du développement rural. Force est de constater que la Commission européenne n’a en rien tenu compte de la crise alimentaire qui frappe aujourd’hui de millions de personnes dans le monde.

Les socialistes français rejettent les propositions de dérégulation des marchés et de suppression des mécanismes d’intervention de la Commission. Il faut selon eux se prémunir contre l’instabilité des prix qui est préjudiciable à la fois au pouvoir d’achat des consommateurs et aux revenus des producteurs et constituer des stocks pour répondre à des exigences de sécurité alimentaire européenne et mondiale. Ces mécanismes d’intervention seraient remplacés par des mécanismes d’adjudication.

« A l’heure où l’on observe une flambée sans précédent du cours des produits agricoles, accompagnée d’un très faible niveau des stocks mondiaux en céréales, les suppressions de stocks sont illogiques et incompréhensibles. Nous allons vers une logique de démantèlement de la PAC et d’un libre choix laissé aux Etats« , déplore Stéphane Le Foll, membre de la commission de l’agriculture au Parlement européen.

« Madame Fischer Boel pose des principes sans aucune ambition politique pour mieux répartir les aides agricoles. Elle estime que le marché et la compétitivité régleront tous les problèmes agricoles. La Commission pèche par manque de sensibilisation sociale, et juge que les agriculteurs doivent être plus libres pour s’adapter au marché« , dit-il encore.

Le Bilan de santé de la PAC ne répond absolument pas non plus aux nouveaux défis que sont le réchauffement climatique, l’eau, l’énergie…

« Madame Fischer Boel n’apporte aucune réponse concrète et crédible aux nouveaux défis« , déclare encore Stéphane Le Foll.

Les seuls points positifs qu’évoque la Commissaire sont la modulation progressive, la possibilité laissée aux Etats membres d’abandonner les références historiques et d’utiliser jusqu’à 10% du montant des aides directes du 1er pilier pour soutenir les zones agricoles défavorisées et les secteurs de production en difficultés tels que l’élevage ovin et caprin, le secteur laitier, les fruits et légumes, etc.

Selon Bernadette Bourzai, vice-présidente de la commission de l’agriculture et du développement rural au Parlement européen, « ces trois instruments permettraient de répartir plus équitablement les montants de la PAC entre les secteurs agricoles, les régions et les exploitations agricoles mais encore faut-il que le Conseil soit d’accord. »

Par ailleurs, la Commission reste ferme sur la sortie progressive des quotas laitiers, même si elle propose d’augmenter ces quotas de 1% par an jusqu’en 2013 compris afin de conquérir de nouveaux marchés.

Pour Bernadette Bourzai, « l’abandon des quotas laitiers sera catastrophique pour les territoires fragiles et les zones de montagne. La Commissaire n’explique pas comment elle compte maintenir la production dans les zones difficiles et je pense que considérer que c’est la compétitivité qui va tout régler, c’est prendre de gros risques sur l’instabilité des marchés ».

Enfin, interrogée sur la question de l’OMC la Commissaire a répondu que les négociations avaient évoluées et que si elles n’aboutissaient pas prochainement sur un accord équilibré, ce ne serait pas un bon accord pour l’agriculture. Est-ce dire que la Commission serait prête à signer un tel accord? Mme Fischer Boel n’a pas répondu à cette question. Mais si cela devait être le cas cela irait à l’encontre des intérêts de l’agriculture européenne et en particulier du secteur de l’élevage bovin.

Strasbourg, le 20 mai 2008