Aujourd’hui, mercredi 11 septembre, José Manuel Barroso a livré son dernier discours sur l’état de l’Union. Nous attendions le bilan de ses dix années passées à la tête de la Commission européenne, il refuse de le faire ; il doit en avoir peur. En lieu et place, nous avons eu les grandes déclarations de principe habituelles, sans que rien de concret ne suive.

Loin de nous l’idée d’accuser José Manuel Barroso de tous les maux de l’Europe : l’échec de la politique menée, c’est avant tout l’échec des chefs d’Etat et de Gouvernement qui l’ont désigné. C’est l’échec de sa famille politique, le PPE, et des gouvernements de droite qui, presque partout, dominent en Europe.

Les rares avancées de l’Europe pendant ces dix dernières années, ce sont les socialistes européens qui les ont arrachées : taxe sur les transactions financières, garantie jeunesse, encadrement des agences de notation, limitation des bonus des banquiers, protection des données personnelles, aide aux plus démunis, lutte contre les paradis fiscaux…; au prix de quels efforts, de combien d’atermoiements, de temps perdu et d’obstruction à nos propositions trop avant-gardistes pour la droite ? Mais des acquis sont là.

Immobile sur les grands enjeux qui comptent pour les Européens, notamment en matière sociale, la Commission Barroso a, par contre, menacé les citoyens par ses propositions, comme ACTA par exemple. Incapable de protéger l’Europe, le niveau de vie des Européens se dégrade partout, le nombre de citoyens vivant sous le seuil de pauvreté augmente, tout comme le chômage, et en particulier celui des jeunes. Heureusement, l’élection de François Hollande a permis de changer d’approche : priorité en France, la jeunesse se fait peu à peu une place en haut de l’agenda européen.

Seuls trois présidents de la Commission européenne sont restés en poste dix ans : Walter Hallstein, Jacques Delors et José Manuel Barroso. Si, pour les deux premiers, l’Histoire a retenu des avancées et un travail formidables, la trace de Barroso sera calamiteuse. Elle sera celle d’une Commission vassale des Etats, au service des lobbies et acquise à une vision ultra-libérale de la mondialisation.

Que ce soit sur le plan économique ou social, l’Europe n’est pas en bonne forme, tout comme en matière de libertés civiles. Reste à espérer que l’idéal européen survivra aux coups portés pendant cette décennie, et que les élections européennes de 2014 permettront de relancer la construction européenne. « Agir, réagir, accomplir » est le triptyque choisi par le Parlement européen pour préparer ces élections. Dessinons l’Europe que nous voulons !