Mardi 22 septembre, lors du Conseil Justice et affaires intérieures, une première étape a été franchie – douloureusement – avec l’acceptation de la relocalisation d’urgence de 120 000 réfugiés.
Hier, les sujets débattus au Conseil européen étaient plus consensuels et ont permis aux chefs d’Etat et de gouvernement de retrouver l’esprit européen, en proposant :
– une coopération accrue avec les Balkans occidentaux, la Turquie et les autres pays limitrophes de la Syrie ;
– un soutien financier renforcé pour aider la Jordanie, le Liban et la Turquie ;
– un appui budgétaire augmenté dédié à l’UNHCR et au Programme alimentaire mondial ;
– des moyens supplémentaires pour les agences de l’UE dans la gestion des contrôles aux frontières extérieures.
On a, ces derniers temps, beaucoup – trop et souvent à tort – parlé de « quotas » et de répartition pour faire face à la crise, mais une chose a souvent été oubliée : les histoires d’argent ! Ces moyens financiers supplémentaires alloués aux différents protagonistes de la crise sont donc les bienvenus. Il sera tout aussi indispensable que soit rapidement établie la manière dont le budget de l’UE sera mobilisé pour soutenir l’ensemble de ces orientations. Tous ces points font partie intégrante d’une politique migratoire globale qui répond aux défis de court, moyen et long termes.
Mais la question qui fâche n’a pas encore été abordée par les chefs d’Etat et de gouvernement, et tôt ou tard elle devra l’être : si les « hotspots » sont nécessaires pour identifier qui, parmi les migrants, est éligible ou pas au droit d’asile, il faut dès à présent clarifier les règles qui s’appliqueront et les différentes responsabilités engagées : par exemple, comment s’organisera l’accueil des personnes en attente d’une décision ? Dans quelle mesure les personnes identifiées seront autorisées à contester leur transfert vers tel ou tel Etat membre et qui s’en chargera ? Pour cela, nous continuons de plaider pour un mécanisme de relocalisation permanent.
Afin d’encourager les Etats membres à accueillir de manière digne et maîtrisée les réfugiés, nous proposons que les dépenses d’accueil ne soient pas incluses dans le calcul de leur déficit.
L’Union sait être intransigeante pour lutter contre les déficits : elle doit l’être pour défendre ses valeurs ! Parmi elles, le droit d’asile occupe une place centrale : c’est un droit fondamental, intrinsèquement lié à notre histoire. Nos valeurs, la solidarité et la fraternité, doivent guider nos décisions politiques.
Nous tenons à rendre hommage à la Présidence luxembourgeoise, dont le travail permet des avancées substantielles dans un dossier complexe et clivant, à la Pologne, qui a pris toute sa place dans le concert européen et à l’action de François Hollande, dont la volonté de travailler avec l’Allemagne et la fermeté vis-à-vis de la Hongrie pour défendre les valeurs européennes a été déterminante. Enfin, parce que le drame que vivent les réfugiés ne concerne pas seulement l’Europe, nous continuons d’appeler à une conférence internationale sur les migrations et nous soutenons pleinement le Président de la République française qui défendra cette position lors de l’Assemblée générale des Nations Unies.