Le Parlement européen a voté aujourd’hui le Paquet « gouvernance économique », après de longues négociations. Pour les socialistes français et européens, il constitue un pacte d’austérité qui empêche les Etats Membres de relancer l’économie et de se protéger des marchés.

 

« Cette crise d’abord financière, puis économique, et aujourd’hui sociale menace gravement l’Europe, et au-delà le vivre ensemble dans nos démocraties. Elle trouve ses racines dans la spéculation, le court termisme, et l’avidité des marchés. Elle est aussi la conséquence des abandons successifs du politique, qui a désarmé unilatéralement face aux marchés: leur laisser l’initiative est une façon de confisquer la démocratie. Mais nous payons aussi gravement la confusion et l’absence de solidarité européenne dans les réponses apportées: trop peu, trop tard. S’il faut évidemment veiller à la bonne gestion des comptes publics, décréter la rigueur aujourd’hui mettrait la croissance et l’emploi en berne. Une telle situation ne nous permettrait plus alors de rembourser la dette. A chacun ses responsabilités », explique Catherine Trautmann, présidente de la délégation socialiste française au Parlement européen.

« Alors que la récession menace et qu’un nouveau plan de secours aux banques se précise, les textes votés par la droite européenne interdiront aux Etats membre de disposer des ressources nécessaires pour venir au secours d’une économie malade. Une économie malade des réformes structurelles qui lui ont été administrées au cours de la dernière décennie, qui ont appauvri les salariés et réduit les ressources fiscales de l’Etat. Ce sont elles qui sont la cause de la double crise d’endettement ! Endettement des ménages à l’origine de la crise des subprimes. Endettement public à l’origine de la crise des dettes souveraines » détaille Liêm Hoang-Ngoc, rapporteur fictif d’un des six textes pour le groupe S&D. « Le corset budgétaire qu’impose – sous peine de lourdes sanctions – le paquet gouvernance ne touchera pas seulement les comptes nationaux: il interdira également aux collectivités locales de financer par l’emprunt leurs dépenses d’investissement. La casse des services publics s’approfondira encore, en s’attaquant cette fois aux infrastructures et aux services de proximité gérés par les régions, les départements, les municipalités…», ajoute l’eurodéputé.

« Au final seules les propositions portées par notre collègue Elisa Fereirra permettront d’apporter des solutions concrètes aux déséquilibres macroéconomiques minant la soutenabilité et les bases sociales de la  zone euro. Nous refusons que la Grèce soit aujourd’hui rendue seule responsable de l’aggravation des divergences économiques existant dans la zone euro. Au sein de la zone, c’est un e responsabilité conjointe et solidaire qui doit s’exercer Sous l’impulsion des Socialistes européens, les pays possédant une balance commerciale largement excédentaire tels que l’Allemagne ou les Pays-Bas devront soutenir leur demande intérieure afin d’enclencher le mécanisme vertueux de la relance de l’activité par l’investissement et la consommation », estime Pervenche Berès, rapporteur de la commission spéciale sur la crise. « L’Union européenne se trouve désormais à la croisée des chemins : soit ses représentants  démontrent leur volonté de s’unir face aux marchés, soit ils choisissent le repli national et la défense d’intérêts égoïstes qui condamneront à terme le projet européen », attaque l’eurodéputée.

 

Au nom de l’ensemble des socialistes français, Catherine Trautmann demande « une véritable stratégie pour la gouvernance économique, basée sur les propositions phares du rapport de la commission crise préparé par Pervenche Berès, celles du groupe S&D et du PSE, notamment :

– Un pacte européen pour la croissance et l’emploi afin de promouvoir l’investissement de long terme et la relance de l’économie réelle tout en permettant le retour progressif à des finances publiques saines ;

– Des procédures de décision renforcées et plus démocratiques afin que l’Europe puisse réagir plus rapidement et plus efficacement dans un environnement économique très changeant ;

– Un système d’obligations européennes – les eurobonds – pour stabiliser les marchés et les taux d’intérêt attachés aux titres de dettes souveraines ;

– Une taxe sur les transactions financières, pour dégager de nouvelles sources de revenus et pénaliser les opérations purement spéculatives ;

– Un véritable budget européen, financé par des ressources propres, pour soutenir les politiques européennes. »