Madame la Présidente, chers amis, lundi, nous avons commencé nos travaux avec une minute de silence pour rendre hommage à tous ceux qui étaient morts en Espagne à cause des pluies dramatiques. En Europe aussi, maintenant, le dérèglement climatique fait chaque année des milliers de familles qui pleurent et qui ont vu leur vie brisée.

Lundi, nous étions tous très émus. Mais au-delà de l’émotion, la question est de savoir si nous sommes capables de passer à l’action. Si nous voulons éviter le chaos climatique, nous savons ce qu’il faut faire: il faut isoler toutes nos maisons, toutes nos usines, il faut développer des transports en commun, les renouvelables, changer de modèle agricole.

Pour financer ce gigantesque chantier, la Cour des comptes européenne dit qu’il faut chaque année 1 100 milliards d’euros. Secteurs privé et public confondus, il faut trouver 1 100 milliards d’euros chaque année, nous dit la Cour des comptes européenne. Hélas! Le budget qui nous est proposé aujourd’hui augmente seulement de 0,6 milliard le budget climat. Si l’on tient compte de l’inflation, le budget climat recule de 1,3 %. Je trouve sinistre de le dire, mais le budget climat va reculer de 1,3 %. Au moins, le message est clair: l’Amazonie qui brûle, on n’en a rien à faire. L’avenir de nos enfants, on n’en a rien à faire. Mais nos enfants seront dans la rue samedi et vont nous demander d’agir avec force pour le bien commun.

Mais l’argent est là, si on le veut. La Banque centrale européenne vient d’annoncer qu’elle allait créer 240 milliards d’euros en un an. 240 milliards d’euros. Nous savons tous combien on pourrait isoler de maisons, combien on pourrait créer d’emplois sur tous nos territoires, avec 240 milliards d’euros en un an. Et nous savons tous aussi que depuis quatre ans, 90 % de l’argent créé par la Banque centrale européenne est allé à la spéculation. Est-ce que quelqu’un peut m’expliquer, aujourd’hui, pourquoi on ne met pas la totalité de ces 240 milliards pour isoler nos maisons, transformer notre agriculture, investir dans les renouvelables et créer des millions d’emplois sur tous nos territoires? Qui peut me l’expliquer? Qui peut expliquer à ces enfants pourquoi ces 240 milliards ne seront pas utilisés pour le bien commun?

Nous sommes face à une crise inédite, une crise nouvelle par son ampleur, par sa gravité. Nous devons, s’il vous plaît, apporter des réponses nouvelles. C’est pour cela qu’il faut vraiment muscler notre ambition. Eider l’a dit, le groupe social-démocrate refuse toutes les coupes faites par le Conseil. Il n’y a aucune cohérence dans ces coupes. Le groupe social-démocrate veut utiliser tous les moyens disponibles pour muscler notre action. Il y a à peu près 3,4 milliards pour muscler notre action pour l’insertion, pour l’emploi des jeunes, pour l’accueil des réfugiés, pour le climat. Tout cela est important, mais ce sera tout à fait insuffisant. Voilà pourquoi, au-delà de ces 3,4 milliards, le groupe social-démocrate ne votera le budget que si nous avons des garanties de la Commission et du Conseil pour avancer très vite sur de nouvelles ressources.

Il ne suffit pas, par exemple, de dire qu’on veut une banque du climat. Tout le monde, maintenant, est d’accord pour la banque du climat. Très bien, c’était une des demandes de notre groupe. Mais il faut dire combien on met de milliards de capitaux propres pour que, sur tous nos territoires, on sache que de l’argent va arriver vraiment pour créer des emplois. De même, si on peut trouver des ressources nouvelles et limiter les vols en avion, il faut en finir avec l’exonération fiscale sur le kérosène. Toutes ces ressources seront prêtes pour nourrir le prochain budget pluriannuel.

Mes amis, il est temps de déclarer la guerre au dérèglement climatique, il est temps d’arrêter les petits pas. C’est la seule guerre qui ne fera aucune victime et qui va éviter des millions de morts. C’est la seule guerre qui va rassembler les peuples et c’est à l’Europe de déclarer la guerre. Le nerf de la guerre, c’est l’argent, et le groupe socialiste veut un budget à la hauteur de ces défis.