Ce mardi 14 mars 2006 le Parlement européen a adopté à une très large majorité le rapport de l’eurodéputé socialiste français Benoît Hamon sur la révision stratégique du FMI.

 

Soucieux de la faible influence de l’Union européenne dans cette institution financière internationale, due à une représentation divisée et peu coordonnée, le Parlement « invite les Etats membres à s’efforcer d’obtenir une circonscription unique en vue de garantir à plus long terme une représentation européenne cohérente.

 

« Il s’agit bien d’aller vers un siège unique de l’UE au FMI, en commençant par la zone euro, ce qui permettrait à l’UE de devenir la première force au sein du FMI, en dépassant les Etats-Unis. Ainsi, l’UE pourra finalement prendre ses responsabilités et ouvrer pour un FMI qui protège véritablement la stabilité économique et financière mondiale, et qui accompagne les économies en développement vers une croissance durable et équilibrée« , explique Benoît Hamon.

 

Le Parlement en appelle aussi à une réforme de la distribution des droits de vote au sein du FMI, pour que les économies émergentes, notamment asiatiques, et les pays débiteurs, notamment africains, soient mieux représentés. Par ailleurs, le FMI dispose, avec sa faculté d’accepter ou de refuser d’accorder un prêt, d’un instrument puissant au service de sa politique, dont sont dépourvues les autres organisations internationales. « Aujourd’hui, alors qu’une réflexion globale est engagée sur la réforme de la gouvernance globale, on doit s’interroger sur la légitimité de cette hiérarchie de fait et appuyer un processus de recentrage de l’action du FMI vers son véritable domaine d’expertise, en laissant aux autres organisations internationales spécialisées le ‘leadership’ dans leur propre domaine« , préconise Benoît Hamon, rapporteur sur la révision stratégique du FMI, suivi en cela par la majorité des députés européens.

 

Enfin, procédant à une évaluation critique du bilan de l’action du FMI, le Parlement reconnait que les politiques d’ajustement ont parfois conduit à l’échec, et que les conditions imposées par le FMI en échange de ses prêts ont parfois été trop rigides et déconnectées des réalités locales. C’est pourquoi désormais les pays débiteurs doivent véritablement s’approprier de leur stratégie de développement, et  la priorité doit désormais être l’éradication de la pauvreté et la réalisation des objectifs de développement du millénaire, et non plus la libéralisation économique à tout prix et le contrôle de l’inflation. Selon Benoît Hamon,  « les politiques de stabilité monétaire et de libre-échange doivent cesser d’être considérées comme des objectifs absolus. Le seul objectif doit désormais être celui de l’amélioration de la vie quotidienne des gens, en termes de pauvreté, de santé, de niveau d’enseignement, d’accès aux services essentiels. En ce sens les recettes économiques libérales et  rigides du FMI ont souvent constitué plus un obstacle qu’une aide. »

 

Au passage, par une allusion à peine déguisée aux déficits jumeaux des USA, le Parlement européen en profite pour déplorer l’impuissance du FMI face aux politiques de certains pays industrialisés, « susceptibles de saper la stabilité financière internationale« .

 

« Le débat du Parlement est significatif, il encourage utilement la réforme du FMI« , conclut Benoît Hamon. Strasbourg, le 14 mars 2006