Les socialistes français ont présenté à la presse mercredi 23 avril 2008 leurs propositions et contre-propositions au programme du Président de la République Nicolas Sarkozy pour la présidence française de l’Union européenne qui débutera le 1er juillet 2008.

L’horizon communautaire se dégage au second semestre de 2008: l’hypothèque institutionnelle sera levée si la ratification du Traité de Lisbonne ne rencontre pas d’obstacle. Toutes les énergies doivent donc être concentrées vers une priorité : la réorientation des politiques de l’Union. Dans le programme de la présidence française présenté par le gouvernement, cette réorientation fait défaut.

« Sans êtres hostiles aux thèmes que Nicolas Sarkozy propose pour la présidence française – encore faut-il voir comment il les aborde – les socialistes français estiment qu’il manque un certain nombre de volets clés dans son programme pour l’Union européenne, tels que le double thème social/services publiques et la supervision des marchés financiers« , a déclaré Bernard Poignant, Président de la Délégation socialiste française, lors d’un point presse à Strasbourg.

« Les socialistes français souhaitent que la présidence française de l’Union européenne se termine par un succès« , a-t-il encore dit. « Nous sommes dans l’opposition à Nicolas Sarkozy, mais pas à la France. »

Pour Harlem Désir, « le renforcement de la dimension sociale de l’Union européenne devrait être au cœur des priorités de la Présidence française. A ce jour, c’est la grande absente, alors qu’une impulsion est attendue pour débloquer plusieurs directives essentielles (temps de travail, agence de travail intérimaires, comités d’entreprise européens), pour relancer l’agenda social, et pour clarifier la législation européenne applicable aux travailleurs détachés après les arrêts Laval, Viking, et Rüffert de la Cour de Justice des Communautés européennes. La Présidence française sera aussi jugée à l’aune de ses résultats sur ce plan. Je ne sais pas si le gouvernement en a pleinement conscience. »

« Une présidence réussie est une présidence où un fort intérêt national coïncide avec un fort intérêt européen« , estime par ailleurs Pervenche Berès, Présidente de la commission économique et financière. « Nicolas Sarkozy doit s’engager personnellement pour faire progresser la supervision des marchés financiers: il ne suffit pas de dénoncer le capitalisme spéculatif, il faut le réguler et le superviser. »

Enfin, côté immigration, Martine Roure, vice-présidente du Parlement européen, est d’avis que « la politique européenne d’immigration ne peut pas être construite autour des priorités  de Nicolas Sarkozy en matière de contrats d’intégration ou d’interdiction de régularisations de masse. Nous devons construire avec nos partenaires européens une politique migratoire commune qui permette aux citoyens de pays tiers d’arriver régulièrement en Europe et qui leur confère un socle de droits« .

Enfin, les institutions de l’Europe doivent de nouveau être le laboratoire d’une volonté commune. La Commission européenne de 2009, en particulier, devra être une Commission forte politiquement. C’est pour cela que les socialistes français souhaitent que le PSE présente son propre candidat pour la Présidence de cette institution lors des élections européennes de juin 2009.

La Délégation socialiste française au Parlement européen souligne les lacunes du programme de la présidence française pour l’Union européenne, et présente donc ses contre-propositions, dans une série de chapitres que sont les suivants:

ð       Vers une Europe plus sociale

Une nouvelle Europe sociale pour les citoyens européens

Protéger et renforcer les services publics

Une véritable dynamique de la culture et de la formation

ð       De nécessaires inflexions en matière économique

Revisiter la stratégie de Lisbonne : efficacité et dimension industrielle

Avancer sur la voie de l’harmonisation fiscale

ð       L’Europe, ses valeurs et le monde

Europe, élargissement et religion : pour une véritable laïcité

L’Europe comme principal acteur de la solidarité internationale

ð       L’Europe et les problématiques financières

Régulation financière et gouvernance économique

Le budget de l’Union : sortir de la logique comptable

ð       L’Europe, l’environnement et les territoires

Environnement et transports : des discours aux actes

Politique agricole commune : une réflexion sur le long terme pour une réforme intelligente

Une politique de cohésion territoriale juste et efficace

ð       L’Europe dans le monde : relations extérieures et dimension externe

Une aventure collective pour le partenariat euro-méditerranéen

Gestion des migrations : pour une approche humaniste

Défense et politique extérieure : pour une spécificité de la voie européenne

Strasbourg, le 23 avril 2008