Aujourd’hui a eu lieu à Strasbourg un vote important pour l’avenir de l’Union européenne : le Parlement européen a validé la nouvelle Commission européenne.

Nous nous félicitons des récentes avancées : de la parité au sein du collège, du changement de nom du portefeuille de Margaritis Schinas qui n’est plus « la protection du mode de vie européen », de l’ajout des questions sociales à celui de Nicolas Schmit, de la culture dans les attributions de Mariya Gabriel ou encore du portefeuille de Virginijus Sinkevičius qui s’est vu adjoindre la pêche.

Nous saluons la nomination d’un Vice-président exécutif en charge du Green deal européen, projet pour lequel nous nous sommes engagés. Frans Timmermans est la bonne personne pour ce poste exigeant.

Nous nous félicitons également des auditions réussies de plusieurs commissaires issus des rangs du S&D, tels qu’Élisa Ferreira et Nicolas Schmit, qui ont fait preuve d’une maitrise impressionnante de leurs sujets, d’une véritable ambition politique et ont répondu avec précision à toutes les questions.

Enfin, la mission supplémentaire attribuée à Paolo Gentiloni est une bonne nouvelle, puisqu’il sera responsable de l’intégration des objectifs de développement durable dans les politiques européennes et en particulier dans le semestre européen.

Mais, malgré cela, les membres de la délégation de la gauche sociale et écologique n’ont pas voté en faveur de cette Commission européenne : ils se sont abstenus. Plusieurs raisons à cela.

La première, c’est l’absence de véritable feuille de route législative pour les cinq années à venir. Dès le lendemain des élections, il y a six mois, alors que le Parlement européen n’a jamais été aussi fragmenté, nous avons demandé une négociation sur le programme de travail de la législature. Nous voulions rentrer dans le concret et définir un véritable plan d’action pour les cinq prochaines années. Les discussions n’ont malheureusement pas abouti ; Ursula von der Leyen n’avait, devant nous, pas pris d’engagements précis avant l’été, ce qui explique son élection de justesse, à 9 voix près. Nous avions d’ailleurs voté contre son investiture le 17 juillet.

La situation n’a pas radicalement changé depuis ; voter en faveur de ce collège reviendrait donc à signer un chèque en blanc, ce que nous ne pouvons pas accepter.

La deuxième raison, c’est la composition même du collège : nous dénonçons avec force l’attribution du portefeuille de l’élargissement et du voisinage au commissaire hongrois, issu des rangs du Fidesz. Lors de son audition, Olivér Várhelyi n’a pas voulu prendre ses distances avec le gouvernement de Viktor Orban qui mène pourtant dans le voisinage une politique contraire aux intérêts et principes de l’UE.

Nous nous interrogeons également sur le sens que la commissaire croate, Dubrovka Suica, pense donner au futur de la démocratie européenne alors qu’elle a voté contre l’activation de l’article 7 à l’encontre de la Hongrie.

Enfin, la nomination de Thierry Breton au portefeuille du marché intérieur, de l’espace et de la défense pose des questions non résolues d’intégrité et de transparence. Les gages annoncés pour répondre aux multiples conflits d’intérêts à venir sont à nos yeux insuffisants et il n’a donné que des indications mineures sur la façon dont il entendait agir face aux lobbyistes.

À plusieurs reprises, l’ensemble de notre groupe a demandé des garanties sur le financement du Green Deal. À ce jour, hélas, les chiffres annoncés restent insuffisants.

Notre abstention est constructive. Tout au long de cette législature, nous placerons la Commission européenne sous surveillance renforcée, soutiendrons les commissaires qui feront avancer l’Europe sociale et écologique et combattrons sans cesse, sur chaque texte législatif, pour la justice sociale et la transition écologique, dans l’intérêt des Européens.