Pervenche Berès, auteure. − Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, depuis que vous avez mis sur la table, au mois de juillet, cette initiative en faveur d’une garantie pour la jeunesse, que ce Parlement européen vous avait demandé de mettre en place, les choses progressent et nous comprenons que le prochain Conseil des ministres des affaires sociales et de l’emploi devra les 7 et 8 février prochain à Dublin discuter de cette initiative.

Le rôle de cette question orale et de la résolution que nous allons voter, c’est de soutenir tous les efforts qui peuvent être faits en ce domaine, car nous pensons que la situation de l’emploi, en général, mais, en particulier, celle des jeunes au sein de l’Union européenne n’est pas acceptable, que tout doit être fait pour corriger cette situation et que, là où l’expérience a été menée – je pense, en particulier, à l’Autriche, à la Suède ou au Danemark, mais aussi au contrat de génération, maintenant en France – il y a des pistes pour faire autrement que de considérer l’emploi des jeunes comme une conséquence des autres politiques.

Nous devons être plus déterminés, plus volontaires. Nous ne devons pas accepter qu’un jeune puisse se retrouver sans emploi ou sortir du système de formation sans que, dans les quatre mois qui viennent, ne lui soit proposé une nouvelle formation, un enseignement, un apprentissage, un stage ou un emploi.

Il ne s’agit pas d’obliger à la création d’emploi, il s’agit de mettre en place toutes les chances pour que cette génération ne soit pas une génération perdue. Pour cela, vous avez fait une proposition qui repose largement sur la bonne volonté des États membres, en les autorisant à utiliser les Fonds structurels et, en particulier, ceux sur lesquels nous devons toujours nous mettre d’accord, à savoir le Fonds social européen. Nous comprenons cette approche, nous la soutenons dans la mesure où elle est réaliste, mais, pour cela, nous disons aussi aux États membres que, si nous voulons pouvoir financer cette garantie jeunesse en utilisant le Fonds social européen, il faut alors être cohérent et permettre que 25 % des fonds disponibles pour la politique de cohésion soient sanctuarisés au bénéfice du Fonds social européen.

Il faut aussi, nous semble-t-il, réfléchir au-delà et penser que, peut-être, pour compenser les déséquilibres macroéconomiques au sein de l’Union européenne, pour que cette question de la garantie jeunesse devienne un enjeu européen, il nous faut réfléchir à des mécanismes proprement européens. Je sais bien que tout cela ne pourra pas être décidé dès le Conseil Epsco, en février, mais voilà une voie qui est tracée.

Notre Parlement vous le dira, Monsieur le Commissaire, nous souhaitons aussi que la conception de cette garantie jeunesse soit adaptée à la réalité de ce que connaissent les jeunes sur le terrain car nous savons qu’il ne s’agit pas uniquement des citoyens de l’Union européenne. Bien au contraire, parmi les populations les plus vulnérables au sein des plus jeunes, bien souvent ce sont des non-communautaires qui sont stigmatisés, parce qu’ils sont au chômage. Nous devons leur tendre la main car, sinon, nous savons que nous faisons le lit de ceux que nous n’aimons pas, de ceux qui détricotent l’Europe à force de populisme et de simplification.

Nous souhaitons aussi que cette offre de garantie jeunesse tienne compte de la réalité de la situation qui est celle des diplômés, où la question de l’accès à l’emploi, malheureusement, ne s’arrête pas à la barrière des 25 ans.

Monsieur le Commissaire, vous l’avez dit vous-même la semaine dernière dans le rapport que vous avez mis sur la table concernant la situation de l’emploi au sein de l’Union européenne, aujourd’hui un cinquième des chômeurs n’a jamais travaillé et les trois quarts d’entre eux ont moins de 35 ans. C’est bien de ceux-là dont nous parlons et dont nous devons tenir compte si nous ne voulons pas, non seulement, que cette génération soit une génération gâchée, mais si nous voulons aussi que l’Union européenne, dans son ensemble, relève ce qui est pour elle son principal défi, celui de l’innovation, car qui d’autre qu’une jeunesse au travail, une jeunesse dans l’apprentissage, une jeunesse avec des emplois, nous permettra d’être à la pointe de l’innovation, à la pointe du progrès et permettra à cette Europe d’être celle qui continue de porter avec fierté ses valeurs et son modèle social, ce à quoi le Président Barroso nous a invités, il y a quelque temps?

Monsieur le Commissaire, merci de cette initiative; comptez sur nous lors du conseil Epsco pour pousser les ministres avec le soutien, nous le savons, de la présidence irlandaise, afin que cette proposition devienne réalité.

(Applaudissements)