La présidente de la Commission européenne a annoncé la conclusion des négociations sur l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur.

Alors que les agriculteurs européens expriment à nouveau leur colère dans la rue, alors que plusieurs États membres comme la Pologne et l’Italie rejoignent le camp du non, la Présidente de la Commission essaie de passer en force, profitant du coma institutionnel français commencé depuis la dissolution de juin dernier. Cette annonce résonne comme une provocation. Nous avons toujours été et nous demeurons fermement opposés à l’accord Mercosur. Son contenu définitif n’est pas encore connu, mais les discussions qui s’achèvent reposaient sur des postulats que nous rejetons.

Les problèmes posés par l’accord ne seront en rien résolus : les quotas additionnels d’importation à droits réduits ou nuls exerceraient une pression supplémentaire sur les prix de produits sensibles comme le bœuf, la volaille ou le sucre – on pense en particulier à la filière canne à sucre de nos Outre-mer. L’écart entre les normes de production des deux blocs favorise l’agriculture sud-américaine. L’accord intensifierait la déforestation. Il viendrait couronner un système favorisant les grandes exploitations agricoles et l’accaparement des terres, au détriment des petits producteurs et des peuples autochtones. Les clauses visant à promouvoir les droits humains, les droits sociaux et la préservation de l’environnement, elles, demeureraient non contraignantes.

La Commission européenne doit maintenant faire adopter ce texte qui requiert, dans son ensemble, l’aval unanime des États membres. Pour contourner le véto de la France, l’exécutif européen le scindera. Sa partie commerciale pourrait alors s’appliquer – et avec elle la libéralisation des échanges – après le seul consentement du Parlement européen et la décision d’une majorité qualifiée d’États membres. Cette pratique est contraire au mandat donné par les États.

Au Parlement européen, nous mènerons le combat jusqu’au bout pour que cet accord soit rejeté. Nous avons plusieurs mois pour mener cette bataille et nous ne lâcherons rien.