Sous la pression des socialistes et démocrates, le Parlement européen demande aux chefs d’Etat et de gouvernement d’ajouter un « pilier social » à la réforme de l’Union économique et monétaire.

C’est la condition posée par les socialistes et démocrates pour soutenir aujourd’hui l’adoption d’un rapport d’initiative législative du Parlement européen sur l’avenir de la zone euro. Il définit la position de l’Assemblée en réponse au rapport du président du Conseil européen Herman van Rompuy.

Les députés européens ont dressé la liste de leurs priorités avant le sommet européen de décembre qui doit adopter une feuille de route pour la mise en place d’une véritable Union économique et monétaire.

S’ils appuient les avancées vers une Union économique, budgétaire et bancaire, les eurodéputés exigent en outre l’introduction d’un pacte social.

« On ne peut parler de l’avenir de l’Europe sans parler de la question sociale et des droits fondamentaux. Pour l’instant, cette question n’existe pas », a déploré la porte-parole du groupe S&D Elisa Ferreira, lors du débat qui a précédé le vote.

« Il faut un pilier social qui garantisse des normes salariales évitant que les réformes structurelles ne provoquent une spirale récessioniste, qui évite que la discipline budgétaire ne réduise la qualité des services publics et de la protection sociale et qui favorise l’intégration des jeunes sur le marché du travail et l’accès au logement pour tous.

Un pilier social qui rassure nos concitoyens, pour qui l’Europe est synonyme de sauvetage des banques, d’un côté, mais d’aggravation de la situation du plus grand nombre de l’autre côté », a souligné Liem Hoang Ngoc, qui a négocié la résolution parlementaire au nom du groupe S&D.

« La sauvegarde du modèle social européen doit devenir une partie intégrante de la gouvernance de la zone euro », a soutenu Roberto Gualtieri qui négocie au nom du groupe S&D au sein du Comité des sages sous la présidence d’Herman van Rompuy.

« C’est donc un véritable 5ème pilier qui se fonde sur un pacte social qui met au centre de ses préoccupations l’emploi et les jeunes », a-t-il ajouté.

Les socialistes et démocrates plaident en outre pour un renforcement de la démocratie dans l’Union européenne.

« Il faut un véritable saut démocratique sans lequel les transferts de souveraineté continueraient à être vécus par nos concitoyens comme un autant de pouvoirs confisqué par des bureaucrates. Il faudra donc que le Parlement, garant de la démocratie représentative, intervienne à chaque étape du semestre européen. Il faut que le Parlement soit associé au fonctionnement du MES. Il faut que le Parlement puisse contrôler la Troïka, surtout lorsqu’il est avéré, selon le FMI lui-même, qu’elle s’est lourdement trompée dans ses propres recommandations », a en outre plaidé M. Hoang Ngoc.

Le « pacte social » proposé par le Parlement prévoit les mesures suivantes:

– Des initiatives pour l’emploi des jeunes telles que la mise en place d’un fonds de garantie pour la jeunesse;

– des services publics de qualité dotés des financements nécessaires;

– revenu minimum décent;

-accès au logement social à un prix abordable;

– un filet de sécurité sociale afin de garantir l’accès à des services de santé essentiels sans condition de ressources;

-un protocole social afin de protéger les droits sociaux fondamentaux et du travail;

– Un encadrement européen pour une gestion socialement responsable des restructurations;

– une nouvelle stratégie pour la santé et la sécurité au travail qui englobe les maladies liées au stress;

– Salaire égal et égalité des droits pour un travail de même valeur.