Avec la Guadeloupe, Mayotte, La Réunion, la Guyane, la Martinique, Saint-Martin, Les Açores, Madère et les Îles Canaries, l’Union européenne compte 9 régions dites « ultrapériphériques » (RUP). Bien que très éloignées, ces régions ultramarines n’en sont pas moins des territoires européens à part entière, regroupant 4,5 millions d’habitants.
Elles connaissent une situation économique et sociale alarmante. Dans les RUP françaises, près de la moitié de la population a moins de 30 ans et un jeune sur deux est au chômage, ce qui alimente le sentiment d’abandon. La colère et le désespoir qui s’expriment actuellement en Guyane n’en sont que l’illustration la plus récente.
Face aux « caractéristiques et contraintes particulières » des RUP, le Traité de l’Union reconnait dans son article 349 que des « mesures spécifiques » doivent y être mises en œuvre, notamment « dans les domaines de l’agriculture et de la pêche ». Ainsi, pour l’agriculture, les RUP bénéficient de compensations financières via des programmes spécifiques (POSEI). En revanche, aucun dispositif adapté n’existe à ce jour dans le domaine de la pêche, malgré l’importance de cette activité dans ces régions du fait leur insularité.
A l’occasion du rapport sur la gestion des flottes de pêche dans les RUP, nous avons saisi l’occasion d’apporter à ces territoires et leurs habitants un soutien engagé. Voté hier midi par 428 voix contre 64, le rapport propose de soutenir et d’aider les pêcheurs des RUP. Il demande que soit activé l’article 349 pour la pêche et propose l’introduction d’un instrument POSEI pour ce secteur. Il fait de la collecte des données halieutiques une priorité. En application du Traité, le rapport reconnait également la nécessité de soutenir le remplacement des navires de pêche vétustes par des navires neufs, au nom de la sécurité des pêcheurs artisanaux des RUP et de la pérennité de leur activité, sans remise en cause des plafonds de pêche autorisés pour que la ressource reste préservée. Il s’agit aussi de leur permettre de s’éloigner du rivage, comme aux Antilles où la chlordécone interdit la pêche côtière, ce que les embarcations actuelles ne permettent pas.
Nous sommes satisfaits que soit reconnu le besoin d’adapter nos politiques sur ces territoires, afin de garantir l’accès à leurs ressources maritimes et le développement de ces régions européennes. A ce stade, ce n’est certes qu’un rapport d’initiative, qui devra donc donner lieu à une proposition de réglementation de la Commission européenne.