Le Parlement européen a adopté aujourd’hui son troisième texte en moins de cinq mois sur la question des pesticides et demande aux 28 de prendre enfin leur responsabilité face au déclin massif de notre biodiversité.
Alors qu’une étude récente met en garde contre un « effondrement catastrophique » des milieux naturels et la disparition de près de la moitié des espèces d’insectes, essentiels à nos écosystèmes, le Parlement européen a adopté, à une forte majorité, une résolution sur les pesticides et ses conséquences sur le développement durable.
Le texte impose aux États membres d’appliquer des « plans d’action nationaux » contenant des objectifs quantitatifs, des cibles, des mesures et des calendriers afin de réduire la dépendance à l’utilisation de pesticides. Ces outils ne sont pas utilisés par les États membres, ce que dénonce le rapport Guteland (S&D, SE).
L’eurodéputé socialiste Éric Andrieu, Président de la Commission d’investigation sur les Pesticides, accuse les 28 chefs d’États et de gouvernement de crime contre la biodiversité : « Les chefs d’État et de gouvernement doivent arrêter leur double discours sur la question des pesticides. Si le 25 janvier dernier ils se sont enfin accordés sur la mise en place d’indicateurs de risque harmonisés, force est de constater que les progrès enregistrés sur l’utilisation durable des pesticides sont largement insuffisants, notamment en termes d’alternatives. »
Avant de rappeler que, « le 25 janvier dernier, les représentants des 28 États membres ont été incapables d’adopter les lignes directrices proposées par la Commission européenne visant à protéger les pollinisateurs des dommages causés par les pesticides ».
« Alors que 77% des eurodéputés viennent de voter les recommandations de notre Commission PEST, une majorité d’États continuent de faire la sourde oreille sur ces questions pourtant majeures pour l’avenir de la biodiversité », s’insurge Éric Andrieu.
« Depuis 2013, la Commission a proposé 25 fois aux États membres un texte visant à mieux protéger les abeilles des pesticides, en vain » a souligné dans l’hémicycle l’eurodéputé français.
Alors que 40% de insectes ont disparu lors de la dernière décennie, et que le taux de mortalité des abeilles atteint les 80% dans certaines régions de l’UE, les socialistes et radicaux français appellent à un changement de modèle agricole, l’agriculture intensive étant le principal moteur de ce déclin, en particulier la forte utilisation des pesticides.
Selon Éric Andrieu : « devant ce déclin des insectes, phénomène d’extinction « le plus massif » depuis les dinosaures, les chefs d’État doivent en finir avec leur hypocrisie sur la question des pesticides et cesser de dérouler le tapis rouge aux multinationales de l’agrochimie. Ils doivent, enfin et surtout, arrêter de se cacher derrière des décisions pseudo-européennes qui sont, en réalité, ni plus ni moins que les leurs ».
Pour Éric Andrieu « il est temps que la Commission européenne tape du poing sur la table, exige que les États membres rendent des comptes et lance, le cas échéant, des procédures d’infractions. Il en va de la santé de nos 500 millions de concitoyens ».