« L’espace Schengen de libre circulation est une des plus grandes avancées de l’Union européenne »… Cette phrase témoigne de la fierté de l’avancée réalisée, mais elle résonne aussi comme une banalité à laquelle on se serait habitué…
Tout avait si bien commencé en 1995, quand les citoyens européens de 22 États membres de l’UE, d’Islande, du Liechtenstein, de Norvège et de Suisse obtiennent la possibilité de circuler librement d’un pays à l’autre, ce qui a largement amélioré les échanges sociaux, culturels, et économiques.
Pour garantir cela, une règle commune finalement assez simple a été édictée : des contrôles harmonisés aux frontières extérieures en contrepartie de la liberté de circuler à l’intérieur de l’espace ainsi créé.
Mais beaucoup de choses ont changé depuis quelques années. De nombreux États membres se replient sur eux-mêmes face aux menaces sécuritaires et perçoivent les migrations comme une menace.
C’est parce que nous ne nous résignons pas que le Parlement européen réaffirme dans ce premier rapport annuel son attachement à la libre-circulation. Dans un contexte de remise en cause de l’espace Schengen, ce rapport a pour objectif d’effectuer un état des lieux des défaillances constatées et de formuler des recommandations aux États membres et à la Commission.
Celle qui est partagée par la majorité du Parlement européen concerne le cœur de Schengen : sécurité aux frontières extérieures = garantie de liberté de circulation.
Les législations pour renforcer la gestion de nos frontières extérieures s’empilent, mais la contrepartie de Schengen n’existe plus. Plusieurs États membres mènent des contrôles à leurs frontières nationales, parfois depuis plus de deux ans, voire érigent des clôtures, ce que le Parlement européen dénonce.
Les contrôles peuvent être autorisés par les règles du Code frontières Schengen, mais ils doivent être limités dans le temps et justifiés.
Comme shadow rapporteure pour les Socialistes et Démocrates sur ce texte, notre collègue Sylvie Guillaume a aussi plaidé pour que d’autres recommandations y figurent. Car l’espace Schengen ne se limite pas à la libre-circulation ; d’autres politiques communes solidaires sont en jeu. Il faut notamment augmenter les opérations de recherche et sauvetage en mer pour venir en aide aux personnes qui tentent de rejoindre l’espace Schengen.
Aussi, les États membres doivent enfin s’accorder pour un système d’asile européen solidaire et humain et des voies d’accès sûres et légales à l’UE. Avec un accueil bien géré et partagé des demandeurs d’asile entre les États membres, ces derniers ne seraient plus tentés de fermer leurs frontières et d’échapper à leur responsabilité.
Ces politiques progressistes et humanistes ne pourront qu’améliorer la stabilité de l’espace Schengen.
Les membres de la délégation socialiste française insistent pour que ce ne soit plus la peur qui régisse l’espace Schengen mais ses règles elles-mêmes. Pour le sauvegarder, il faut revenir à l’essentiel : renforcer la gestion de nos frontières extérieures était indispensable et est enclenché depuis trois ans ; les bénéfices de l’espace Schengen doivent désormais être rétablis.