Bernadette Bourzai, vice-présidente de la commission agriculture et développement rural au Parlement européen a tenu à prendre la parole en plénière pour contester le lien de causalité que certains établissent entre le principe de tolérance zéro par rapport aux OGM non autorisés et les procédures de contrôle des produits importés qu’impose l’Union européenne et l’augmentation considérable du prix des denrées alimentaires.
« Nous savons très bien que cette hausse est due à la combinaison de plusieurs facteurs : une diminution de l’offre à cause d’incidents climatiques extrêmes et du développement des agro-carburants, une augmentation de la demande des pays émergents et surtout le développement sans précédent de la spéculation boursière sur les marchés à terme agricoles. D’ailleurs cette hausse concerne tous les pays y compris ceux qui ont une législation très souple et permissive sur les OGM comme les Etats-Unis« , a dit Bernadette Bourzai.
Par contre, il est vrai que les éleveurs européens sont en grande difficulté financière mais selon la députée européenne, la principale raison est la situation de grande dépendance par rapport aux importations massives d’aliments pour animaux majoritairement OGM dans laquelle se trouve l’Union européenne. La question principale est donc de savoir pourquoi nous sommes si dépendants et comment réagir.
Bernadette Bourzai a demandé à la Commission si elle avait plutôt procédé à une analyse des incidences économiques des accords de Blair House de 1992 par lesquels l’UE avait accepté de se démunir de sa propre production d’aliments par animaux.
Selon la députée européenne, pour réduire cette dépendance européenne, on devrait :
– d’une part, tout faire pour sauver les dernières cultures européennes de fourrages séchés et de protéagineux et encourager un redéploiement en évitant par exemple un découplage total des aides lors du Bilan de santé de la PAC, et ce d’autant que ces cultures ont des qualités environnementales incontestables pour les rotations de cultures et les sols.
– d’autre part, la Commission doit réfléchir à une diversification des sources d’approvisionnement.
« J’ai pour ma part participé à une conférence du Réseau des régions libres OGM en décembre 2007 qui a démontré qu’une offre d’aliments pour animaux non OGM existe dans les pays tiers. D’ailleurs, une nouvelle conférence en octobre prochain devrait avoir lieu entre producteurs et importateurs car le principal problème est la rencontre de l’offre et de la demande de ce type de produit. »
Bernadette Bourzai a fini son intervention en rappelant que la majorité des citoyens européens réclament le droit à acheter des produits alimentaires produits sans OGM de façon direct ou indirect via la nourriture du bétail.
« Je pense qu’il est temps de faire œuvre de transparence et de modifier les règles d’étiquetage de la viande d’animaux ayant été nourris avec des OGM afin de respecter les droits des consommateurs. »
Strasbourg, le 24 avril 2008