La crise qui secoue aujourd’hui le secteur bancaire aux États-Unis ne doit pas être prise à la légère. Les autorités américaines ne s’y sont d’ailleurs pas trompées puisqu’elles ont décidé d’intervenir massivement et rapidement. Il le fallait.

« Tous les ingrédients d’une crise étaient réunis : un secteur à la mode – celui des cryptos et de la tech – qui s’essouffle, un management douteux mais aussi un assouplissement des règles qui encadrent les banques. En cause, notamment, la décision prise en 2018 de passer de 50 à 250 milliards, le seuil à partir duquel la banque est soumise à une surveillance plus stricte. Ainsi, tout un réseau de banques régionales est passé sous le radar des régulateurs à l’instar de SVB » explique la députée Aurore Lalucq.

Mais c’est surtout le resserrement trop brutal de la politique monétaire, couplé à une mauvaise gestion du risque de taux, qui a été le déclencheur de cette crise. « L’impact sur la stabilité financière de la hausse des taux d’intérêt a été bien trop négligée » poursuit la députée.

Désormais, la question qui nous mobilise tous est de savoir si l’Europe est immunisée face à de telles faillites. « Si le pire n’est jamais certain, la situation doit être envisagée avec sérieux et responsabilité. La réponse européenne à la houle sur les marchés financiers et au sein de certaines banques sera cruciale. À court terme, les annonces de la Banque centrale européenne sur les remontées, ou non de taux d’intérêt vont être déterminantes. »

Enfin, même si des progrès notables ont été réalisés dans le domaine de la réglementation bancaire et financière suite à la crise de 2008, rappelons qu’en Europe 15 ans après la crise des subprimes, les recommandations connues sous le nom de “Bâle” – qui imposent un certain nombre de règles en matière de ratios de liquidités, d’obligations de fonds propres etc.- n’ont toujours pas été pleinement adoptées à l’échelle européen.

« C’est la raison pour laquelle nous demandons depuis des mois la pleine et entière application de Bâle à l’échelle européenne, comme le suggère également la BCE. Trop de coups de canif ont été mis dans la réglementation bancaire… or la dernière chose dont nous avons aujourd’hui besoin, c’est bien d’une crise » conclut Aurore Lalucq.