Jean-Paul Denanot (S&D). – Madame la Présidente, effectivement, la situation des journalistes et de la liberté d’expression en Turquie – déjà pas très brillante, faut-il le dire – s’est brutalement dégradée ces derniers mois, et particulièrement depuis la tentative avortée du coup d’État du 15 juillet dernier.

Il est avéré, en revanche, que l’état d’urgence, qui a été prolongé – comme beaucoup l’ont dit – de 90 jours la semaine dernière, a fait sauter tous les verrous. Il a installé un climat de peur et d’autocensure généralisé pointé par Reporters sans frontières, privant la population d’un débat libre et diversifié, au moment où elle en a le plus besoin, pour se forger une opinion sur la question kurde, sur le conflit en Syrie et ses jeux d’acteurs extrêmement complexes, sur l’afflux des réfugiés, bien entendu, et sur les relations avec l’Union européenne.

Au lieu de cela, les Turcs sont abreuvés de discours haineux à l’égard des journalistes, coupables de faire tout bonnement leur métier, et des sympathisants présumés de M. Gülen, qui est accusé d’avoir fomenté le putsch dans la magistrature, la police, l’armée et l’éducation. L’emprisonnement devient la règle pour tous ceux qui s’opposent.

Pour toutes ces raisons, Madame la Présidente, je me solidarise avec les combats du journaliste turc, Can Dündar, proposé au prix Sakharov 2016, et j’espère profondément qu’il l’obtiendra.