Isabelle Thomas (S&D). – Monsieur le Président, Madame la Commissaire, pardonnez-moi mais cette journée est vraiment une journée particulière. Madame la Commissaire, vous allez peut-être penser que j’ai un mauvais esprit, mais ce retard dans la mise en œuvre des programmes en gestion partagée arrive à point nommé pour soulager le poids de nos factures impayées.

Pour le budget 2016, la Commission a enfin – semble-t-il en tout cas – les marges de manœuvre nécessaires pour nous proposer une réduction draconienne de ces factures à 2 milliards d’euros. Deux questions restent pourtant en suspens.

Premièrement, qu’en sera-t-il de l’attitude des États membres? Le Conseil acceptera-t-il enfin de régler ses dettes, car malheureusement, nous le voyons année après année, le sens des responsabilités, le respect de la parole donnée et même la solidarité ne caractérisent pas toujours l’attitude des chefs d’État et de gouvernement.

Deuxièmement, il reste un écart de près de 10 milliards d’euros entre les paiements et les engagements. Ce décalage ne présage rien de bon pour la fin de la période de programmation car, nous le savons, le plan de résolution de la crise des paiements est non pas une astuce, mais une échappatoire comptable, alors que le problème structurel du budget de l’Union, lui, reste le même. L’accumulation des factures impayées en fin de période de programmation est aussi un moyen trouvé par les États membres pour faire des économies sur le dos du budget européen. Le modèle même du cadre financier pluriannuel est obsolète et le modèle de financement du budget est opaque. Tout cela nuit à l’Union!

Aujourd’hui nous débattons sur ce sujet, mais nous sommes pleinement conscients des limites de cet exercice. En effet, ce budget est en augmentation, mais il ne reste que 2 milliards d’euros de marge, comme si l’Union n’avait pas besoin d’investissements.

Ce budget met l’accent sur les sujets prioritaires et je dois le saluer, mais nous sommes loin des besoins réels de l’Union. Notre proposition ne prévoit par exemple pas un centime pour aider les 5 millions de jeunes au chômage en Europe.