Isabelle Thomas (S&D). – Madame la Présidente, Madame la Commissaire, ce rapport rincé à l’eau tiède du PPE n’exprime malheureusement pas assez le grand défi du budget européen en ces temps de crise, à savoir devenir un outil de relance.
Oui, il est impératif de résoudre la crise des paiements pour redonner de la crédibilité et des marges d’action au budget européen, et en cela nous serons – vous le savez – particulièrement attentifs à vos propositions de plan d’épuration des dettes. Mais cette question de la crise des paiements ne doit pas masquer les dysfonctionnements de l’Union, ni les failles béantes du budget, dont certaines sont structurelles. Je veux citer pêle-mêle: les retards de programmation des Fonds structurels, au point que nous devons modifier le cadre financier pluriannuel au moment où l’Europe a un besoin impérieux d’investissements; l’initiative pour l’emploi des jeunes, qui à ce jour n’a pas rempli les objectifs que le Parlement avait confiés à la Commission et aux États membres; les contraintes budgétaires, qui privent l’Union et les États de moyens pour répondre aux enjeux mondiaux que sont la lutte contre le terrorisme, la crise ukrainienne ou le grand défi climatique.
Et, surtout, il y a nos difficultés à financer l’innovation, la transition énergétique, la lutte contre le changement climatique, la croissance bleue. Bref, tout ce qui doit stimuler la croissance de demain mais qui ne trouve pas aujourd’hui les moyens ni au niveau de l’Union, ni au niveau national.
Si l’investissement en Europe est une priorité, il faut avoir le courage de laisser des marges d’action aux États membres par une flexibilité accrue du traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG), en supprimant, par exemple, les contributions au budget de l’Union du calcul des déficits.
Bien sûr, il y a le plan de M. Juncker mais, en l’état, il réduirait les financements de projets de recherche et d’infrastructures pour octroyer une rallonge à la BEI en vue de financer des projets frileux.
Madame la Commissaire, je vous pose la question sincèrement: comment accepter de voir contester vos prérogatives? La question du financement du plan Juncker doit, de notre point de vue, revenir dans la procédure budgétaire annuelle et y trouver toutes les marges nécessaires.
Enfin, j’insisterai sur le dernier point de notre résolution, la question structurelle du budget: les ressources propres de l’Union. Madame la Commissaire, vous m’avez assurée de votre détermination sur cette question et je vous en remercie, mais nous devons nous hâter d’engager ce chantier le plus vite possible.