Monsieur le Président, Madame la Commissaire, chers collègues, si nous voulons être justes et efficaces dans la mesure que nous prendrons en faveur d’un secteur sidérurgique européen performant, il faut que nous soyons au clair entre nous sur le diagnostic.

Les sidérurgistes européens ont fermé plus de 42 millions de tonnes de capacité depuis 2008, ce qui représente, à raison de dix salariés par million de tonnes, 40 000 destructions d’emplois directs et plus de 100 000 en comptant les emplois indirects et les sous-traitants concernés. Or, nous ne sommes pas en surcapacité. Sur nos 170 millions de tonnes de capacités actuelles, notre excédent commercial n’est que de cinq millions. En d’autres termes, si l’activité économique redémarre – il me semble que nous partageons le même objectif –, nous deviendrons alors un importateur net. Il faut donc réagir, et vite, car ce secteur, qui est pourtant si structurant dans une majorité de pays européens, est plus que jamais dans une crise structurelle qui se manifeste par un sous-investissement chronique en matériel comme en formation de salariés.

C’est l’objet du rapport que j’aurai l’honneur de défendre sur le développement durable de l’industrie européenne des métaux de base, dont l’acier. Les producteurs européens doivent être sur un pied d’égalité avec leurs concurrents extra-européens qui sont souvent soumis à des normes moins ambitieuses en matière sociale et environnementale. Mais il n’est pas question d’encourager un nivellement par le bas qui passerait par le détricotage de nos droits sociaux ou le reniement de nos objectifs sanitaires et climatiques.

Faut-il le rappeler? Nous n’avons qu’une santé et qu’une planète. Nous devons au contraire initier un cercle vertueux et, à ce stade, je ne vois que l’ajustement aux frontières comme moyen de remettre nos producteurs dans le jeu tout en incitant les autres à hausser leurs standards. Ce sera l’un des axes que je tâcherai de crédibiliser. En tout cas, je me réjouis que ce sujet recueille l’intérêt de mes collègues et de la Commission et je vous dis à très bientôt car il y a urgence.