Pervenche Berès, au nom du groupe S&D. – Madame la Présidente, Monsieur le Commissaire, c’est la deuxième fois que le Parlement européen se mobilise dans un délai court pour vous interpeller sur la question du sans-abrisme.

 

Nous l’avions déjà fait en 2008, alors que la crise avait à peine éclos. Nous voilà aujourd’hui au rendez-vous en 2011, avec une déclaration que nous avons élaborée en 2010 et qui vous rappelle l’urgence de traiter ce scandale au sein de l’Union européenne. Cet espace qui, à l’échelle planétaire, reste un espace de richesse, soi disant de civilisation et où, pourtant, le sans-abrisme sévit dans chacune de nos villes. Tous les élus locaux nous le disent: ils sont mobilisés jour après jour pour faire face à cette population en détresse que la crise a frappée de plein fouet, que ce soit à Athènes, à Berlin, à Paris, à Helsinki.

 

Pouvons-nous accepter qu’une Union fondée sur la solidarité laisse, ici ou là, se développer le sans-abrisme, qui est la manifestation la plus claire de la pauvreté et de l’exclusion sociale? Pourtant, je me souviens du débat que nous avons eu: faut-il intégrer les objectifs de lutte contre la pauvreté dans la stratégie de l’Union européenne? S’agirait-il d’une compétence de l’Union européenne? Je ne veux pas relancer le débat juridique, car les bases sont bien là. Elles sont inscrites dans la Charte des droits fondamentaux. Nous les avons reprises comme objectif politique pour la stratégie de l’Union européenne.

 

Monsieur le Commissaire, il en va de votre responsabilité, et de celle du collège, de mobiliser les outils qui sont à la disposition de l’Union européenne pour que demain, le pacte de stabilité ne conduise pas à la coupe aveugle de tout financement possible des services qui viennent en aide à ces populations, ceux qui, sur le terrain, accomplissent un travail exemplaire, ceux que l’on appelle les travailleurs sociaux et dont l’œuvre est aujourd’hui rendue quasi impossible, comme l’a démontré en France la démission – avec un certain écho – de Xavier Emmanuelli, le fondateur du Samu social.

 

La Commission peut aussi intervenir pour inciter les États membres non pas à appliquer la règle de la concurrence au logement social, mais pour financer le logement social afin que, demain, la question du sans-abrisme cesse d’être une question d’urgence.