Liem Hoang Ngoc (S&D). – Monsieur le Président, mes chers collègues, nos concitoyens s’interrogent sur le bien fondé des politiques d’austérité qui réduisent le périmètre de leurs services publics et le champ de leurs protections sociales. Là où elles sévissent, ces politiques ne parviennent pas à réduire la dette publique et à résorber le chômage. Les économistes eux-mêmes sont atterrés, tant le contenu – je dis bien le contenu – de ce paquet « gouvernance » que nous discutons aujourd’hui est absurde, parce qu’il interdit aux politiques budgétaires de réagir aux cycles économiques.

 

Au cours du trilogue, les représentants de la Commission nous ont eux-mêmes avoué ne s’appuyer sur aucun modèle théorique ou économétrique leur permettant de formuler prédictions et recommandations rigoureuses. Ils avouent raisonner de façon purement intuitive. Dans ces conditions, comment comprendre que les députés conservateurs, libéraux et eurosceptiques de ce Parlement aient aveuglément tenté de durcir le texte proposé par la Commission? Ils sont d’autant moins bien placés pour nous faire la leçon que les gouvernements que leurs amis dirigent ont creusé les déficits par des baisses d’impôts aussi injustes qu’inefficaces, n’est-ce-pas, Monsieur Gauzès? Ils font de grandes déclarations sur la stratégie Europe 2020, mais ils refusent que les dépenses préparant l’avenir, telles que les dépenses d’investissement, soient exclues du calcul des déficits.

 

Oui, Madame Wortmann-Kool, c’est pour nous le cœur du débat! Réduire les déficits, oui, en revenant par exemple sur les cadeaux fiscaux qui ont profité avant tout aux créanciers de l’État, mais réduire les déficits sans sacrifier l’investissement, la formation et l’emploi, car les investissements d’aujourd’hui sont les emplois de demain et les recettes fiscales d’après-demain, grâce auxquelles nous réduirons les déficits. Tel est le théorème qui devrait figurer au fronton du paquet « gouvernance ».

 

Mes chers collègues conservateurs et libéraux, certains d’entre vous veulent automatiquement punir à coups de milliards d’euros les États hérétiques à votre dogme. Ils entendent, de plus, sanctionner les pays qui ne baisseraient pas leurs salaires pour rétablir leur équilibre extérieur. Ils croient que les déficits sont principalement le fruit de la seule mauvaise volonté des États, comme si le modèle néolibéral que vous ne mettez jamais en cause n’avait pas subi sa plus grave crise depuis 1929, comme s’il n’organisait pas déjà une pression sur le pouvoir d’achat du plus grand nombre et une contraction massive des recettes fiscales, ces deux phénomènes étant précisément à l’origine de la montée de l’endettement privé et de la dette publique.

 

Lors des votes, les socialistes et démocrates émettront un signal clair à l’encontre de ce paquet d’austérité, qui ne manquera pas d’exacerber l’indignation qui monte dans toute l’Europe. Ce signal clair s’adresse à tous les salariés européens et particulièrement à nos concitoyens, en France et en Allemagne, peu avant des échéances électorales qui seront décisives pour l’avenir de l’Europe.