Monsieur le Président, chers collègues, l’objectif du cycle de Doha était clair. Il devait s’agir d’un cycle en faveur du développement, un cycle permettant aux pays en développement de revenir sur les déséquilibres créés par la politique libérale mise en œuvre jusqu’à présent dans le cadre du tristement célèbre Consensus de Washington.

Il n’est pas étonnant – et je le regrette – qu’en cette période de crise, les prises de position en faveur d’un commerce juste soient en recul. Face à des États-Unis qui ne bougeront pas tant que la réforme sur la santé ne sera pas passée, et dans un contexte d’opposition croissante des syndicats et des principaux lobbies industriels, l’Europe ne parvient pas à faire bouger les lignes, et il est ainsi peu probable qu’un accord soit conclu rapidement.

La majorité de ce Parlement en profite donc pour revenir à son idéologie, celle d’un commerce agressif, fondé sur un seul intérêt offensif. La crise a bon dos. En procédant ainsi, en recherchant avant tout l’ouverture des marchés et la suppression de toutes les barrières au commerce, les droites oublient d’ailleurs totalement qu’il est de notre intérêt d’avoir des partenaires commerciaux forts et pleinement intégrés dans le commerce mondial. La réalité est qu’aucun pays en développement ne pourrait sortir renforcé par un tel accord.

Avec Harlem Désir, rapporteur pour notre groupe sur cette résolution, nous avons déposé un certain nombre d’amendements au texte de compromis commun aux droites européennes. Bien sûr, je souhaiterais voir votée la résolution de mon propre groupe, mais cela ne sera pas le cas.

C’est la raison pour laquelle nos amendements rappellent donc plusieurs choses. Tout d’abord, les services publics doivent absolument rester en dehors du cadre des négociations car ils touchent aux besoins fondamentaux des populations et ne peuvent être laissés entre les mains du marché.

Ensuite, un traitement spécial doit être accordé aux produits sensibles pour les pays en développement, notamment dans le domaine agricole. La crise alimentaire a été balayée dans les esprits par l’arrivée de la crise financière et économique. N’oublions pas que la souveraineté alimentaire devait être notre priorité absolue, le premier des objectifs du Millénaire.

Enfin, nous considérons que l’espace d’intervention publique des pays en développement doit être préservé, non seulement en excluant toute libéralisation des marchés publics, mais également en protégeant les industries naissantes.

Ces quelques points exprimés de manière non exhaustive représentent le strict minimum pour garantir que le cycle de Doha sera réellement en faveur du développement. S’il ne figure pas dans le texte final, j’appellerai mon groupe à voter contre.

(Applaudissements)