Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, chers collègues,

permettez-moi tout d’abord de faire une remarque générale sur ce rapport qui est, selon moi, à l’image de nos relations avec la Turquie – même si je dois féliciter le rapporteur et les rapporteurs fictifs pour leur travail –, c’est-à-dire ambigu. Il traduit notre indécision vis-à-vis de ce pays.

Au fil des amendements qui ont été adoptés, ou pas, en commission du commerce international, une question sous-jacente, presque subliminale, et qui dépassait largement le cadre des relations économiques et commerciales avec la Turquie, apparaissait sans cesse: pour ou contre l’adhésion de ce pays à l’Union?

Une hésitation non assumée entre une Turquie considérée comme un quelconque pays tiers, avec qui l’on aurait des relations commerciales à développer, et une Turquie candidate à l’adhésion qui, à ce titre, impose des obligations particulières à remplir pour chacun des acteurs.

Alors oui, il est difficile de dire aujourd’hui si ce rapport reflète bien la réalité de nos relations avec ce pays et surtout s’il définit réellement une stratégie européenne à son égard. Cela dépend de quel côté de la barrière nous nous plaçons: simple partenariat privilégié ou bien adhésion.

Je voudrais simplement mettre en garde face aux signaux contradictoires que nous envoyons. On ne peut à la fois continuer à maintenir l’ambiguïté quant à un destin commun et s’inquiéter, dans le même temps, d’une prise de distance supposée de la Turquie par rapport à l’Union. Un partenariat suppose de la franchise mais aussi de la confiance. De la franchise car oui, la Turquie a encore de grands efforts à fournir pour se réformer en profondeur et se conformer à ses engagements, mais également de la confiance qui suppose aussi, de notre part, des encouragements et des signaux positifs.

Quand les Turcs ont voté pour réformer leur constitution, il y a quelques jours, ils ont aussi fait ce que leur demande l’Union: ils mettent peu à peu leur droit en conformité avec nos critères pour devenir membre à part entière. Le chemin est encore long et les efforts à réaliser nombreux, mais abstenons-nous de dresser des obstacles supplémentaires et de faire dévier notre relation de sa finalité, c’est-à-dire l’adhésion.

Monsieur le Président,

je ne retiens toujours que les bonnes choses dans une réforme qui est toujours très compliquée. Mais le signal indiquant que l’armée pèse moins, que la démocratie avance, c’est pour moi un signal important donné à l’Union européenne.

On peut toujours formuler des reproches et considérer que les choses ne sont pas accomplies, mais un pas est toujours un pas. Je ne suis pas quelqu’un de pessimiste par nature et je considère que tous les gestes faits par la Turquie vont dans le bon sens et que la volonté exprimée est celle de l’adhésion. Essayons donc de l’accompagner.