Kader Arif (S&D). Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, nous ne répéterons jamais assez que ce que nous vivons au sud de la Méditerranée et, plus largement, dans le monde arabe, est historique, d’abord pour ces peuples qui, un demi–siècle après la conquête de la libération de leur pays par la décolonisation, conquièrent aujourd’hui leur liberté individuelle et collective. Historique, mais aussi inattendu, comme, me direz–vous, toute révolution populaire. Mais cette nouvelle donne nous impose de revoir totalement notre vision, nos politiques et nos relations avec ces pays. Des propositions sont faites.

En effet, la prudence de nos réactions constatée jusqu’à maintenant s’explique facilement et douloureusement par l’obsession de la stabilité, c’est–à–dire cette vision sécuritaire nourrie par nos craintes et qui n’avait comme priorité que la lutte contre l’immigration, le terrorisme et l’islamisme radical, plus quelques intérêts économiques, en particulier l’accès à l’énergie.

Nous nous sommes accommodés de régimes autoritaires qui n’avaient comme seul but que de répondre à nos angoisses. La révolte des peuples a consacré l’échec de nos politiques, nous n’avons plus le droit de bâtir nos analyses nourries par les mêmes angoisses ou, pire, les mêmes convictions teintées de xénophobie. C’est pourquoi nous devons être présents aux côtés de ceux qui aspirent à plus de liberté et de démocratie, où l’on peut être musulman, démocrate et laïque. C’est le message qui nous est adressé.