Madame la Présidente, chers collègues,

jusqu’à maintenant, j’avais l’intuition que les peuples étaient toujours en avance sur leurs élites politiques. J’en ai aujourd’hui la certitude. Permettez-moi tout d’abord de saluer le courage et la détermination des peuples tunisien et égyptien. Ils nous ont rappelé que les valeurs dont nous sommes porteurs dans le monde – droits de l’homme et démocratie – ne sont pas des valeurs réservées à l’Occident, comme certains le proclament, mais que ce sont des valeurs universelles partagées par tous.

L’Europe, à mes yeux, ne peut plus continuer à se fourvoyer dans cette partie du monde, louvoyant de fausses analyses en faux projets. Ces peuples attendent de nous une réponse à la hauteur de leur courage et de leurs aspirations. Ce n’est pas une demande de charité, certainement une demande de solidarité, mais plus encore une demande de responsabilité. Dans cette période incertaine, personne ne souhaite le chaos, mais personne ne doit plus accepter le statu quo.

Nous devons accompagner l’espoir créé par ces événements en Tunisie et en Égypte pour contribuer à l’affirmation et à la mise en place de démocraties bénéfiques pour ces pays et leur population, mais aussi bénéfiques pour nous-mêmes, et je crois, Madame Ashton, que vous avez exprimé cela avec force.

Je conclus en reprenant ce qu’un poète disait: « Le monde sommeille par manque d’imprudence. » Ces peuples, à raison, ont été imprudents pour demander leur liberté, mais j’espère surtout qu’ils auront éveillé nos consciences.