Catherine Trautmann (S&D). – Monsieur le Président, Messieurs les Présidents, chers collègues, le sentiment que j’éprouve ce matin est fait de soulagement et d’inquiétude.

 

Le soulagement, parce que l’accord de cette nuit a le mérite d’exister car nous ne pouvions nous permettre un nouvel échec. La restructuration de la dette grecque porte l’effort européen à plus de 200 milliards d’euros, en cumulant l’effacement des créances privées, le fonds de stabilité de la zone euro et le plan d’aides publiques. L’amorce de recapitalisation des banques desserre l’étau en augmentant les fonds propres. Et, surtout, je salue le renforcement du Fonds de sauvetage de la zone euro jusqu’à 1 000 milliards d’euros – enfin, dirai-je – car les socialistes ont toujours considéré que ce fonds était insuffisamment doté.

 

Mais, en tant qu’Européenne, voici les raisons de mon inquiétude, et elles sont sérieuses. Je crains que nous n’ayons, cette nuit, renforcé notre capacité à colmater les brèches, en négligeant les fondations de notre édifice commun.

 

Deux réserves majeures s’imposent à la lecture de cet accord: d’abord, le « court-termisme ». Les mesures adoptées ce matin concernent exclusivement le plan financier et ne représentent pas une solution à long terme aux besoins d’intégration économique. Ce matin, le Conseil a répondu à la crise européenne des banques, de la dette ou de l’euro: c’est crucial. Mais l’absence de perspectives de croissance et le silence sur la convergence économique et sur l’emploi permettent à certains de spéculer encore sur notre fragilité.

 

Alors que nous devions mener des réformes structurelles pour investir et relancer la croissance, le choix préconisé est le « pacte pour l’euro plus ». Nous ne l’acceptons pas. Ne substituons pas à une trop grande dépendance au marché une dépendance à l’égard de pays concurrents ne respectant ni les normes sociales, ni les normes environnementales.

 

Deuxième réserve: l’autoritarisme budgétaire, qui ajoute la police à la rigueur. En réalité, nous faisons face, aujourd’hui, à un double impératif: assainir les finances publiques et relancer la croissance. Cet équilibre doit être politique. Il découle d’un choix fait par nous pour les citoyens européens que nous représentons. La Cour de justice ne doit pas se substituer à la volonté politique et à l’obligation de solidarité entre nous. Nous ne devons pas réviser le traité sous la pression des spéculateurs. Le choix d’une plus grande intégration est notre devoir politique, c’est celui de ce Parlement.