Murielle Laurent, Membre de la Délégation à l’Assemblée parlementaire Caraïbes-UE
Chloé Ridel, Membre de la Sous-Commission Droits de l’Homme
Le Parlement européen a adopté aujourd’hui une résolution d’urgence sur la situation humanitaire et sécuritaire en Haïti, à la suite d’un massacre dans le village de Cabaret, au nord de Port-au-Prince.
Perpétré par le gang « Viv ansanm », il a coûté la vie à au moins 40 personnes, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées. Depuis 2024, l’ampleur du chaos et l’impunité dans laquelle opèrent les gangs armés n’a fait que croitre. Ces derniers qui tiennent désormais presque la totalité de la capitale et de vastes régions du pays sous leur coupe.
Selon les Nations unies, la situation est désormais « insoutenable » :
- 1,3 million de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays ;
- 6 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire ;
- Les niveaux d’insécurité alimentaire aiguë continuent de croître ;
- Les travailleurs humanitaires sont menacés, rançonnés et pris pour cibles par les gangs.
La résolution, demandée par le Groupe des Socialistes & Démocrates, souligne les insuffisances de la réponse internationale depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse en 2021. La mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS), autorisée par le Conseil de sécurité de l’ONU en octobre 2023 pour aider les autorités haïtiennes à rétablir la sécurité et préparer des élections, n’a déployé qu’environ 1 000 agents fin 2024, contre les 2 500 initialement prévus. Malgré la prolongation de son mandat jusqu’en octobre 2025, la mission souffre de manques chroniques de financement et d’équipement, le tout dans un contexte de paralysie institutionnelle généralisée.
À travers cette résolution, notre délégation, notre Groupe et le Parlement :
- condamnent fermement le massacre de Cabaret, et l’ensemble des crimes et violations des droits humains commis par les gangs armés ;
- appellent à une protection réelle des civils, en particulier des femmes et des enfants, régulièrement pris pour cibles ;
- exigent une réponse internationale cohérente et renforcée, avec davantage de financement, de personnel et d’équipement pour la MSS et pour l’aide humanitaire ;
- demandent à l’Union européenne et à ses États membres d’accroître leur contribution humanitaire, de soutenir les acteurs locaux et les ONG qui travaillent dans des conditions extrêmement dangereuses, et à soutenir la tenue d’enquête concernant les crimes de masse ;
- soulignent l’urgence d’un processus politique inclusif et de la préparation d’élections libres et crédibles, une fois la sécurité rétablie.
Pour notre délégation, l’Europe ne peut pas détourner le regard : le retour à la sécurité et à la paix pour le peuple haïtien doit être la priorité absolue.