Pendant longtemps, il fut impossible d’avoir un débat sur la politique industrielle de l’UE. La crise de la COVID-19 change la donne et la Commission européenne aujourd’hui acte le fait qu’il faut décider d’une vraie politique industrielle pour notre continent. La stratégie veut tirer les leçons des crises, sécuriser le marché unique et renforcer notre autonomie stratégique. De plus, pour être prête pour le XXIe siècle, elle entend accélérer les transitions vertes et numériques.

« Le statu quo n’était plus possible », explique Pierre Larrouturou, eurodéputé Nouvelle Donne en charge du suivi de la commission ITRE pour la délégation de la gauche sociale et écologique. « Des masques aux vaccins en passant par les respirateurs, l’Union européenne a prouvé sa tragique dépendance au reste du monde, alors même qu’elle est une puissance économique, industrielle et commerciale majeure. Cette crise l’a prouvé aux yeux de tous : dans les chaînes d’approvisionnement du XXIème siècle, les situations de dépendance peuvent avoir des conséquences dramatiques. Plus que jamais, pour protéger nos droits sociaux, pour protéger l’avenir de notre planète et sortir de cette dépendance dramatique, l’Europe doit travailler à sécuriser et réorganiser la production industrielle d’un grand nombre de filières. Le virage pris aujourd’hui par la Commission européenne est un aveu d’échec. Il est temps de rompre avec les politiques menées depuis 30 ans et de mettre fin à une mondialisation tout entière dévolue au profit financier, que nul n’a su réguler » ajoute l’eurodéputé.

« Quand nous dénoncions la trop grande naïveté de l’Union européenne, nous avions parfois l’impression de prêcher dans le désert » ajoutent les membres de la délégation. « Désormais, cette naïveté a des conséquences trop graves et visibles du plus grand nombre. C’est pour cela que la Commission européenne veut changer de stratégie, ce dont nous nous félicitons. Reste maintenant à se donner les moyens de défendre les intérêts des citoyens européens. Cela commence par rapatrier ou du moins rapprocher les chaînes de production les plus sensibles. »

C’est à un changement de paradigme que nous appelons désormais : politique de la concurrence, politique commerciale et politique industrielle doivent être alignées pour pleinement répondre aux objectifs climatiques, sociaux, digitaux et d’autonomie auxquels nous aspirons. « Défendre une véritable politique industrielle, c’est aussi construire l’Europe sociale car cela revient à protéger et défendre nos industries donc nos emplois face à une concurrence internationale toujours plus rude » concluent les membres de la délégation.