Aujourd’hui a eu lieu un vote important au Parlement européen : nous avons adopté une position ambitieuse sur une directive visant à améliorer les droits de millions de travailleurs des plateformes numériques, et qui entérine la présomption de salariat et le renversement de la charge de la preuve.

En effet, il y a 20 ans, le recrutement des livreurs se faisait sur une base évidente, celle du contrat de travail. Le scooter, l’essence, les assurances étaient payés par l’employeur. Les salariés avaient droit aux congés payés, aux arrêts maladies, étaient rémunérés en fonction de leur temps de travail sans être obligés de mettre leur vie en danger pour réaliser un maximum de courses. Des cotisations étaient payées pour financer la sécurité sociale, les retraites, deux biens communs dont on mesure chaque jour l’importance.

« Depuis, le numérique et d’autres expressions comme l’économie 2.0 ont servi de prétexte pour balayer les droits des travailleurs, en les présentant comme des entrepreneurs. Ainsi, les Uber et autres Deliveroo n’assument aucune responsabilité et sous couvert de modernité réhabilitent de fait des conditions de travail indignes, jusqu’à l’exploitation de sans-papiers ou de mineurs. Des armées de lobbyistes agissent pour saper les propositions législatives ou réglementaires et combattre la régulation » explique Aurore Lalucq, eurodéputée Place publique en charge des questions d’emploi et des affaires sociales.

Malgré cela, les faits sont là : les chauffeurs Uber et livreurs Deliveroo sont clairement subordonnés et leur indépendance est parfaitement fictive, comme l’ont rappelé de nombreuses décisions de justice. Et il ne faut pas s’y tromper : ce qui concerne majoritairement les chauffeurs VTC et les livreurs aujourd’hui menace toute la société, car la plateformisation attaque frontalement tous les métiers, et derrière notre modèle social.

Au Parlement européen, par notre vote, nous avons défendu les droits des travailleurs, notre modèle social et une autre vision de la digitalisation de l’économie au service du progrès humain. La bataille n’est pas terminée puisque désormais la balle est dans le camp du Conseil, donc des États-membres ; nous attendons notamment de la France une position sans ambiguïté sur ce sujet majeur.