Pour Catherine Trautmann, présidente de la délégation socialiste française au Parlement européen, et Sylvie Guillaume, membre de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures, « le gouvernement français bafoue les règles européennes en matière de libre circulation des personnes et les politiques européennes menées à l’égard des Roms ».

« Les expulsions des Roms de France sont illégales et inutiles : deux de nos principes fondamentaux sont d’une part l’interdiction de toute discrimination basée sur la nationalité ou l’origine ethnique et, d’autre part, la libre circulation des citoyens européens. Alors que les récentes déclarations gouvernementales ont un objectif national – occulter les échecs de ce gouvernement – nos collègues européens nous observent : ils ne comprennent pas comment la patrie des droits de l’Homme en arrive à une telle décadence et salisse ainsi ses valeurs fondatrices », analyse Catherine Trautmann.

Sylvie Guillaume rappelle que la politique européenne à l’égard des Roms consiste à « promouvoir l’inclusion sociale, que ce soit dans le domaine du logement, du marché du travail, ou de la scolarisation des enfants ; le dernier plan d’action, voté en mars dernier par le Parlement européen, prévoit le développement d’une stratégie européenne en faveur des Roms. Or la position frileuse de la Commission Européenne, freinant toute coordination avec les Etats membres, permet non seulement au gouvernement français d’instrumentaliser et de stigmatiser cette population fragile, mais aussi aux Etats membres de se défausser de leurs responsabilités. C’est d’une volonté politique européenne plus affirmée dont nous avons besoin pour lutter contre l’exclusion dont souffrent ces populations. »

« Malgré les multiples déclarations du gouvernement sur la nécessité d’une « stratégie européenne » sur le sujet, on est très loin du compte », analyse Sylvie Guillaume. « Comme l’a montré hier Pierre Lellouche, secrétaire d’Etat chargé des affaires européennes, lors d’une rencontre avec plusieurs eurodéputés, pour le gouvernement, un règlement européen de la question consiste surtout à renvoyer la balle dans le camp de la Roumanie et de la Bulgarie.

Cette attitude est symptomatique de l’ensemble de la politique gouvernementale sur le sujet, et les eurodéputés socialistes français, comme leurs collègues du Groupe S&D, seront très vigilants dans les jours qui viennent, que ce soit lors de la session plénière de la semaine prochaine ou sur les suites de la réunion convoquée par le premier ministre François Fillon le 6 septembre prochain. »