Hier, la réunion de l’Eurogroup a accouché d’un accord a minima. Les députés de la Délégation de la gauche sociale et écologique accueillent favorablement la mise en place d’une aide de 100 milliards d’euros pour soutenir le chômage partiel, d’un fonds de garantie de 200 milliards d’euros pour les entreprises et de l’activation du mécanisme européen de stabilité sans conditions pour les dépenses médicales.
Cependant, des flous et des inquiétudes demeurent.
Pour commencer, ces décisions passent toutes par l’emprunt, ce qui pose à terme la question du remboursement ou de l’annulation des dettes. Par ailleurs, il demeure un flou dangereux quant aux conditions d’activation du Mécanisme Européen de Stabilité. Enfin, la question de la solidarité budgétaire reste en suspens puisque les eurobonds ne sont toujours pas d’actualité. Les eurodéputés de la Délégation de la gauche sociale et écologique appellent les chefs d’État et de Gouvernement de la zone euro à prendre leurs responsabilités et à faire preuve de solidarité lors du Conseil.
Car compte-tenu de l’obligation faite aux États de renflouer des économies mises à l’arrêt, le risque est grand à court terme de voir surgir une crise des dettes souveraines. Or, la dernière chose dont à besoin l’Europe est bien une nouvelle crise. Les Eurobonds ne suffiront pas. Il devient urgent que la monétisation des dépenses publiques soit invitée à la table des négociations.
« La BCE devrait injecter de la monnaie centrale directement aux États, en charge de gérer l’urgence sanitaire et sociale, sans la médiation des banques ou des marchés », déclare Aurore Lalucq, eurodéputée Place publique. « Cette pratique aurait l’avantage de ne pas endetter davantage les États. »
Dans un second temps, pour la phase de sortie de confinement, pourrait également être envisagé le recours à la monnaie hélicoptère, soit l’injection de monnaie centrale directement vers les entreprises et les ménages : « Ce qu’on appelle désormais la monnaie hélicoptère pourrait soutenir les ménages et les entreprises sans ouvrir une crise de la dette souveraine dans les prochains mois », ajoute Aurore Lalucq. Cette injection pourrait être soumise à l’impôt sur le revenu pour plus d’équité et être discutée avec les partenaires sociaux.
Enfin, dans un troisième temps, la Délégation de la gauche sociale et écologique propose que la BCE envisage une annulation partielle de la dette des États européens pour éviter un emballement des marchés : « les annulations de dettes seront inévitables ».