La Hongrie et la Pologne ont annoncé vouloir créer un institut pour surveiller l’État de droit dans les pays de l’ouest de l’Union européenne. Vient s’ajouter à cela la demande de V. Orbán de voir démissionner V. Jourova, commissaire en charge des valeurs et de la transparence. Ces provocations, destinées à contrer le rapport sur l’État de droit et les mécanismes de sanctions financières discutés à Bruxelles, seraient presque grossières si elles étaient arrivées dans un contexte différent. En effet, alors que depuis plusieurs mois les États membres travaillent à des propositions pour sanctionner les violations de l’État de droit, la présidence allemande du Conseil a proposé et fait adopter en Coreper une version atténuée de la formulation adoptée lors du conseil européen extraordinaire de juillet.
Pour Sylvie Guillaume, présidente socialiste de la délégation de la gauche sociale et écologique, « Cette formulation était déjà particulièrement faible. La présidence allemande a réussi le tour de force de la vider de sa substance : le texte sur la table ne permettrait tout simplement pas de sanctionner les atteintes à l’État de droit qui ont particulièrement lieu en Hongrie ou en Pologne. Cela quelques jours après avoir cédé aux pays du groupe de Višegrad sur le Pacte Asile et Migration. Cet enchaînement des faits est déplorable ».
« Le Parlement européen ne pourra pas accepter une telle proposition au rabais », s’insurge Raphaël Glucksmann, eurodéputé Place publique membre de la commission en charge des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures. « Les outils proposés ne permettront pas de faire respecter la démocratie, l’État de droit et les droits fondamentaux, et donc de protéger les droits des citoyens. Combien de temps allons-nous rester immobiles devant ces dérives autoritaires et liberticides ? » ajoute l’eurodéputé.
Pour les membres de la délégation, il ne peut pas y avoir un deux poids, deux mesures : « les sanctions – contestables – tombent quand un pays ne respecte pas les règles en matière de dette et de déficits. Au nom de quelle valeur la protection de la démocratie ne bénéficierait pas d’un mécanisme de sanctions efficace pour faire respecter les libertés fondamentales, notamment en frappant les Gouvernements autoritaires au portefeuille ? Nous rappelons la promesse faite par Mme von der Leyen : pas de compromis quand on en vient à l’État de droit ! ».