Chers amis, chers camarades,

Nous avons eu hier le plaisir d’accueillir nos camarades de toute l’Europe. Aujourd’hui nous tenons ensemble l’engagement pris lors de notre dernier congrès, à Toulouse : organiser une grande Convention pour définir l’Europe que nous voulons face aux conservateurs et mettre cette Convention au service de la bataille que notre Parti doit mener contre les droites européennes aux élections de mai 2014.

Je tiens avant tout à vous remercier, ainsi que tous les militants de notre Parti, pour votre forte mobilisation, pour les débats riches que vous avez organisés dans vos fédérations, vos sections, et qui ont conduit un grand nombre de militants à participer au vote.

Ce vote est une belle victoire, nous devons en être fiers :

Une victoire pour notre Parti – nous avons relevé le pari du débat dans l’unité.

Alors, je sais, on nous reproche un peu tout et son contraire : quand nous soutenons le Gouvernement, on parle de godillot, quand on débat, on parle d’indiscipline. Mais moi je crois que c’est tout le contraire : c’est lorsque nous sommes capables de débattre dans l’unité, même avec des positions tranchées, que nous servons le mieux la gauche, parce que le sarkozysme est mort de son caporalisme et que nous ne ferons pas la même erreur. Je veux à cet égard saluer l’esprit de responsabilité et le sens du collectif dont ont fait preuve les camarades de la minorité, c’est cela qui donne de la force à notre parti. Et je veux porter au nom de tout le Parti la synthèse sur laquelle nous nous sommes rassemblés.

1) Le débat sur l’Europe, sur l’avenir de l’Europe, les Socialistes l’ont toujours mené, parce que nous avons une passion pour l’Europe.

Ce sont les débats sur la CED au début des années 50, puis sur le Traité de Rome, ce sont les discussions sur le grand marché, pour que le fédéralisme ne soit pas dévoyé en libéralisme, c’est le référendum de 2005 et jusqu’à aujourd’hui le débat européen continue d’animer la vie de notre Parti.

Je crois que l’intensité de nos débats est à la hauteur de ce qu’est l’Europe pour nous, Socialistes : un combat ardent.

Oui, ces débats, ils nous ont passionnés, ils nous ont aussi divisés, déchirés parfois. Alors, aujourd’hui, je suis heureux et fier que nous soyons tous rassemblés derrière ce texte et derrière le Président de la République. Jamais nous n’avons été aussi rassemblés et mobilisés pour défendre une autre Europe : une Europe de la croissance, de la justice sociale et du progrès durable, cette autre Europe, c’est notre Europe.

C’est donc une victoire pour le Président de la République et pour la réorientation de l’Europe qu’il a engagée, et auquel nous apportons par ce texte un message clair de mobilisation et de soutien.

Une victoire pour l’Europe enfin, car la voie choisie par François Hollande et portée par notre Convention est celle d’une Europe qui renoue avec le progrès, la prospérité et la confiance de ses peuples.

Oui, l’Europe a besoin d’un nouveau souffle, d’une nouvelle volonté. L’Europe a besoin de l’engagement de tous les Socialistes ! Oui, le rassemblement des Socialistes dans notre pays et dans toute l’Europe est le socle de la victoire contre les droites européennes en 2014 ! Le rassemblement des Socialistes aujourd’hui, ici, à la Mutualité, c’est le 1er pas de la campagne européenne de 2014 !

Je l’ai déjà dit : je veux que notre Parti soit le parti le plus européen de France, à la pointe de la confrontation avec les droites européennes contre l’austérité. Je veux que notre Parti soit la principale arme du Président de la République dans le rapport de force qui l’oppose aux conservateurs. Je veux que les progressistes européens battent les libéraux, les conservateurs, les nationalistes et les xénophobes en 2014 !

Les Socialistes ont uni leur histoire à l’histoire de l’Europe.

Comme je l’ai dit hier à nos camarades d’Europe, notre vraie famille politique, ce n’est pas seulement tous les grands Socialistes français qui ont combattu pour l’Europe dans notre pays, Jaurès, Blum, Delors, Mitterrand, Pierre Mauroy, que nous avons perdu il y a quelques jours, et qui a fait lui aussi, en 1983, le choix courageux de l’Europe.

Notre vraie famille politique, ce sont tous les grands progressistes d’Europe. Nous sommes tous les héritiers, par delà les frontières nationales de Willy Brandt comme de Jacques Delors, de la révolution des œillets comme du Printemps de Prague.

Si tous ces grands Socialistes se sont battus pour l’Europe, et si nous devons aujourd’hui reprendre le flambeau, c’est parce que l’Europe est une construction politique exceptionnelle qui plonge ses racines dans un rêve ancien.

Oui, l’Europe, c’est la Renaissance et les Lumières, c’est le songe de Victor Hugo, le cri de survie de Primo Levi, les clameurs de ces femmes et de ces hommes qui ont abattu le mur de Berlin, c’est la jeunesse qui se lève aujourd’hui contre l’austérité et c’est l’avenir de nos enfants.

Les conservateurs ne sont à la hauteur ni de l’idée européenne ni du moment historique que nous traversons. Ils ont échoué partout en Europe : ils n’ont pas su faire face à une crise qu’ils ont qu’aggravée et ils ont fragilisé le grand rêve européen, détournant l’Europe de ses peuples.

Nous, Socialistes, nous ne nous y résignons pas. Nous refusons le délitement de l’Europe. Nous voulons, nous exigeons, nous travaillons de toutes nos forces à une renaissance de l’Europe !

2. L’échec des conservateurs.

Depuis 20 ans, l’Europe subi de plein fouet les effets des dérèglements du capitalisme mondial. Alors qu’elle reste la première puissance économique du monde, elle est plongée dans la récession, une crise sociale profonde, un chômage de masse qui la jette dans le doute sur elle-même. Les conservateurs ont laissé la crise économique se muer en une crise de la construction européenne. Ils ont produit la méfiance et le repli des peuples, favorisé le regain des extrémismes. La crise que traverse nos sociétés n’est pas seulement économique et sociale. Elle est aussi démocratique et morale.

L’Europe, c’est une espérance que les conservateurs étouffent sous l’austérité.

L’Europe, c’est un projet politique immense que les conservateurs ont voulu réduire à un grand marché, et à laquelle ils veulent maintenant imposer une camisole d’austérité qui laisse chaque jour de nouveaux citoyens sur le bord du chemin et qui révolte les peuples.

Et à force d’être laissés sur le côté, les peuples choisissent un autre chemin, celui de l’individualisme, du populisme, du nationalisme. L’Europe ne peut pas avancer à coups de trique infligés par une Troïka sans légitimité.

C’est pourquoi nous ne laisserons pas faire les conservateurs.

Il y a eu une sorte de polémique ridicule sur notre prétendu problème avec l’Allemagne… J’ai pourtant entendu les mêmes critiques contre les conservateurs allemands par nos amis du SPD, Peer Steinbrück et Sigmar Gabriel, peu soupçonnables de germanophobie. Et je crois bien que notre Parti a toujours été en France le Parti de l’amitié franco-allemande.

Ce n’est pas une confrontation avec une personne, encore moins un peuple, c’est une confrontation d’idées que nous assumons face aux conservateurs ! Ce que nous combattons c’est l’austérité parce qu’elle abîme l’Europe.

Et il faut le dire : nous n’avons pas seulement un problème avec les idées conservatrices d’un parti, ou d’un pays.

Nous avons aussi un problème avec les idées libérales au service de la finance du parti de M. Cameron.

Nous avons aussi un problème avec les idées xénophobes de leur ami, le très autoritaire Premier Ministre de Hongrie M.Orban, soutenu par la droite française.

Nous les combattons en Europe comme nous combattons les dérives de la droite française, c’est cela le débat public européen et nous l’assumons.

Nous ne les laisserons pas abimer l’Europe parce qu’elle ne leur appartient pas : elle appartient aux citoyens et aux peuples d’Europe !

Face à l’échec des conservateurs, le destin de l’Europe est désormais entre nos mains. Nous avons le devoir de proposer une autre perspective et de répondre aux défis qui sont devant nous : quelle nouvelle croissance pour plus d’emploi, plus de solidarité et plus de droits sociaux ? Quel nouveau modèle écologique et social ? Quelle régulation en Europe ?

Dans un monde dont les mutations s’accélèrent, nous devons bâtir une Europe politique pour qu’elle redevienne un continent leader, capable de gagner dans la mondialisation, de faire entendre sa voix et ses valeurs dans le monde.

Notre Convention vient prolonger les initiatives communes, les grands forums progressistes, les travaux menés avec nos partis frères et le PSE depuis plusieurs mois pour donner un nouveau souffle à l’Europe. Notre Convention viendra nourrir le programme commun des Socialistes européens pour 2014.

Notre Convention sert à affirmer notre ambition pour l’Europe et les moyens concrets de la mettre en œuvre. Cette ambition pour l’Europe, le Président de la République la fait porter à la France depuis le premier jour de son mandat.

François Hollande s’est engagé dans le combat avec les conservateurs pour la réorientation de l’Europe et, à force de volontarisme et de ténacité, il a déjà obtenu plusieurs victoires : le pacte de croissance, la taxe sur les transactions financières, de nouvelles règles de supervision bancaire, et aujourd’hui, la bataille engagée contre les paradis fiscaux et l’évasion fiscale, une grande offensive franco-allemande pour l’emploi des jeunes, et l’exclusion de la Culture des négociations commerciales transatlantiques .

La vision portée par François Hollande repose sur trois piliers :

Une Union différenciée qui permette à ceux qui le souhaitent d’aller plus vite et plus loin et qui place en son cœur un gouvernement politique et économique de la zone euro, pour définir ensemble les grandes orientations, pour la croissance, l’harmonisation fiscale et sociale.

Une véritable intégration solidaire pour mettre en commun nos politiques, toujours plus, et dans tous les domaines, et pour aider les Etats qui ont le plus de difficultés.

Un budget fondé sur des ressources propres et qui soit à la hauteur des enjeux.

Cette vision, nous la partageons, nous la défendons, nous la préparons. Les Socialistes, comme nos amis progressistes partout sur le continent, veulent plus d’Europe quand les conservateurs veulent moins d’Europe. Notre Europe est une autre Europe.

3) Une autre Europe : notre Europe

Nous avons choisi le titre de notre Convention en pensant à ces mots de François Mitterrand : « C’est une œuvre formidable pour nous, et plus encore pour nos enfants, que d’imaginer ce que sera demain l’Europe (…) Ils vivront dans une communauté tout en ayant gardé leur patrie (…) et ils en auront conquis une deuxième : l’Europe, notre Europe ».

Nous socialistes, notre Europe, c’est une Europe de la croissance contre l’austérité.

Etre européen, c’est refuser la baisse des salaires, des retraites, des allocations en Irlande, en Espagne, au Portugal ! Etre européen, c’est se révolter quand l’austérité mène à attaquer les institutions essentielles d’une démocratie, la télévision de service public comme en Grèce !

Nous avons redéfini les priorités de la Construction européenne : la croissance, l’emploi, la justice sociale. Le désendettement est nécessaire mais dans des conditions et à un rythme qui ne doivent pas contredire ces priorités. L’austérité aggrave l’endettement. C’est pourquoi nous proposons la révision du pacte de stabilité pour dégager des marges de manœuvre indispensables à la relance.

Nous devons poursuivre l’offensive pour l’emploi, première des priorités européennes, et redonner de la force à notre industrie, par le soutien aux investissements de long terme, de nouvelles stratégies industrielles.

Pour redonner de la force à l’économie réelle, il faut aussi combattre avec détermination la finance folle.

Pour cela, nous prônons une régulation plus stricte des marchés, en particulier en renforçant l’Union bancaire, en intensifiant la lutte contre les paradis fiscaux et l’évasion fiscale.

Et nous nous battons aussi pour un juste échange dans la mondialisation. Nous refuserons de ratifier tout traité susceptible de porter atteinte à nos intérêts mais aussi à notre modèle social et culturel, qui fait notre force et notre fierté !

Notre Europe, c’est une Europe en mouvement, tournée vers l’avenir.

Mettons en œuvre de grands projets communs, dans le domaine des énergies renouvelables, du numérique, de la mobilité, de l’agriculture durable. C’est là que sont les emplois de demain !

Pour cela, nous devons créer une Communauté européenne de l’énergie. Nous devons aussi développer des financements innovants, en particulier par la Banque européenne d’investissement et l’émission de « project bonds », et favoriser les investissements d’avenir, qui doivent pouvoir être soustraits du calcul des déficits publics.

Oui, l’Europe doit anticiper le monde de l’après-crise, le faire advenir et non se laisser submerger par lui.

Notre Europe, c’est une Europe sociale, qui protège ses travailleurs.

Etre européen, c’est refuser que nos pays, nos industries, nos travailleurs soient jetés dans une concurrence violente et généralisée, c’est refuser les dumpings et les délocalisations.

Construisons des échanges justes, des principes de réciprocité, des règles d’harmonisation. Ayons l’ambition d’un « traité social européen ».

Engageons une convergence sociale par le haut, défendons un salaire minimum européen, des mesures concrètes pour favoriser la mobilité et la formation des travailleurs et pour anticiper les reconversions industrielles et économiques.

Oui, l’Europe ce n’est pas « tous contre tous » et « chacun pour soi », c’est « chacun solidaire de tous ». Nous voulons une Europe de la prospérité et du progrès pour tous. Et à laquelle chacun puisse participer.

Notre Europe, c’est une Europe pleinement démocratique.

Faisons renaître une véritable Union politique et démocratique : en renforçant le pouvoir des institutions européennes, et du Parlement en particulier.

Démocratie politique mais aussi démocratie sociale, démocratie citoyenne. Redonnons la parole aux syndicats, à la société civile, aux associations, aux intellectuels.

L’Europe ne doit pas être un grand ensemble indifférencié, mais au contraire dans le monde d’aujourd’hui faire de sa diversité une force. Comme le disait Fernando Pessoa : « Nous voulons une Europe qui parle d’une seule et même voix, mais dans toutes ses langues, de toutes ses âmes. »

C’est le rôle de notre parti de mobiliser les citoyens, en leur faisant prendre conscience que le destin de l’Europe est entre leurs mains ! Sans eux, l’Europe n’est rien ! Sans eux, nous ne ferons rien ! L’Europe leur appartient !

Voilà comment François Hollande veut réorienter l’Europe !

Voilà comment les Socialistes veulent réorienter l’Europe car c’est cela l’intérêt de la France, des pays européens et des peuples du continent !

Voilà ce que les Socialistes, tous les Socialistes rassemblés, défendront ensemble pour les prochaines élections européennes !

Le courage aujourd’hui, c’est de rester résolument européen et de combattre pour une autre Europe alors même que – aux yeux de beaucoup de nos concitoyens – c’est difficile, surtout parce que c’est difficile.

Léon Blum disait au soir de sa vie, en 1948 : « L’instauration d’une Europe unie – unie économiquement, politiquement, socialement – est dans la tradition du socialisme international… On ne fera pas les Etats-Unis d’Europe sans nous ».

Alors continuons de faire preuve de courage. Continuons de nous battre ensemble aux côtés du Président et du Gouvernement, pour une Europe en mouvement, solidaire, audacieuse et libre, une Europe qui réconcilie croissance, justice sociale et écologie, une Europe porteuse de progrès dans le monde de demain !

Vive les socialistes, vive l’Europe et vive la France !