Deux semaines après le démantèlement de la « jungle » de Calais, et malgré de nombreuses décisions de juges remettant en cause la légalité des arrestations effectuées, ce sont à présent des charters pour Kaboul dont le ministre BESSON, après l’avoir démenti, a finalement accepté de reconnaître leur existence.

L’organisation de ces charters et le retour groupé des migrants sont dénoncés par les eurodéputés Sylvie GUILLAUME, membre de la commission des Libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures au Parlement européen, et Gilles PARGNEAUX, représentant de la circonscription Nord Ouest de la France, qui considèrent que cela va à l’encontre du principe de non-refoulement et contrevient aux conventions internationales. Le démantèlement de la « Jungle » n’a eu pour seul effet que d’apporter plus de traumatisme aux drames déjà subis par ces migrants en besoin de protection (principalement des Afghans, Erythréens, Somaliens et Soudanais). A l’inverse des objectifs affichés par les autorités françaises, la vulnérabilité de ces migrants a ainsi été accrue et ils sont encore plus susceptibles d’être livrés aux mains de trafiquants d’êtres humains, aucunement inquiétés au final.

Gilles PARGNEAUX a insisté pour que « la France renonce à ces vols forcés et pour que la Cour européenne des droits de l’homme se prononce en urgence sur la légalité des retours prévus dans les prochains jours par charters groupés, après que des arrestations de masse aient déjà été contestées devant des cours« .

« Cette situation montre la nécessité urgente d’un régime commun d’asile en Europe. Nous savons que ces personnes ne sont pas en mesure de déposer une demande d’asile en France du fait du Règlement de Dublin II1, et risquent d’être renvoyées vers la Grèce ou l’Italie, où les conditions de rétention sont terribles et les chances de voir leur demande d’asile aboutir bien maigres. Reste que l’on ne prend toujours pas toute la mesure de la complexité d’une réalité qui voit chaque jour les candidats pour le voyage vers les îles britanniques affluer sur ce petit bout de la côte française. Or c’est trop souvent le volet répressif de la question migratoire qui se voit développé plutôt que la question de l’accueil et de l’intégration des migrants« , a regretté Sylvie GUILLAUME.

Les eurodéputés auront à se prononcer prochainement sur toute une série de textes relatifs à la mise en place d’un Régime Commun d’Asile, prévue à l’origine pour 2010 et qui est à présent reportée à 2012.

1- Ce règlement vise à identifier l’Etat membre responsable de l’examen d’une demande d’asile, à savoir l’Etat par lequel le demandeur d’asile a pénétré sur le territoire de l’UE.