Christophe Clergeau, Vice-Président du Groupe S&D, chef de file du Groupe S&D sur biocontrôle

Thomas Pellerin-Carlin, membre de la Commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire

Eric Sargiacomo, Vice-Président de la commission de l’agriculture et du développement rural

 

La loi européenne contre la déforestation, adoptée en 2023, doit empêcher la mise sur le marché européen de produits liés à la déforestation ou à la dégradation des forêts comme le soja, le bœuf, l’huile de palme, le cacao, le café, le bois ou encore le caoutchouc. C’est une pierre angulaire du Pacte vert, essentielle pour protéger les forêts, la biodiversité et le climat, plébiscitée par les Européens. Au moment où la mise en œuvre est contestée par plusieurs États membres, sous la pression de certains intérêts industriels et agricoles, le PPE et le Conseil choisissent de freiner des quatre fers. Pire : de revenir en arrière.

Au Parlement européen, les groupes Socialistes & Démocrates, des Verts et Renew ont tout fait pour construire un compromis avec le Parti populaire européen (PPE). Nous avons poussé la simplification authentique aussi loin que possible. Réponse du PPE : quitter la table des négociations et tourner le dos aux pro-européens, pour mieux courir, une fois encore, derrière l’extrême droite.

Mettre la loi en pause avant même son entrée en vigueur, comme le souhaite le Conseil avec son idée de réexamen anticipé, est totalement absurde : la planète n’a pas besoin d’une loi théorique, mais d’une lutte contre la déforestation qui s’applique.

Face à cela, notre proposition est équilibrée et pragmatique :

  • application immédiate pour les grandes entreprises dès 2026 ;
  • exemptions et simplifications ciblées pour les petites et micro-entreprises en 2027 ;
  • aucune révision anticipée qui rouvrirait totalement le texte.

C’est la seule voie sérieuse : protéger les forêts, donner de la visibilité aux acteurs économiques et éviter de replonger dans des années de renégociations stériles sous la pression des lobbys.

Le mandat du Conseil est inacceptable : il organise la remise en cause permanente de la loi et fragilise les entreprises qui ont déjà investi dans la traçabilité. Comment demander aux producteurs et aux importateurs d’engager des millions dans des systèmes de contrôle si tout peut être renégocié ? La sécurité juridique est la clé : les producteurs, les importateurs et les autorités nationales ont besoin d’une date claire et stable.

La lutte contre la déforestation est l’une des causes les plus soutenues par les citoyennes et citoyens européens. Reculer aujourd’hui sous la pression des lobbys et des alliés d’extrême droite du PPE serait une trahison du Pacte vert, une trahison de la parole donnée aux Européens et un signal catastrophique pour toutes les entreprises qui ont déjà engagé leur transition.

Nous continuerons de nous battre pour une Europe qui protège réellement les forêts, le climat et la crédibilité du projet européen.