Emma Rafowicz, Vice-Présidente de la Commission de la Culture et de l’Éducation
La délégation française du Groupe des Socialistes & Démocrates (S&D) au Parlement européen salue l’adoption, ce jour, d’une résolution réaffirmant la nécessité de défendre la directive européenne « Services de médias audiovisuels » (SMA) face aux pressions exercées par l’administration américaine.
Véritable pilier du projet culturel européen, la directive SMA fixe les principes qui garantissent la diversité et la vitalité de la création audiovisuelle et cinématographique sur notre continent. Elle instaure notamment des quotas d’œuvres européennes, des obligations d’investissement et des définitions précises s’agissant des œuvres européennes et de la production indépendante, dispositions que les États membres ont pu transposer selon les spécificités de leurs modèles culturels.
L’Europe doit aujourd’hui parler le langage de la puissance, y compris en matière culturelle. Face à des politiques protectionnistes américaines assumées, il serait naïf de ne pas défendre nos outils de souveraineté culturelle.
La délégation dénonce les attaques venues des États-Unis à l’encontre de la directive SMA, notamment à travers le mémorandum du 21 février 2025 et le rapport du représentant américain au commerce.
Alors que les États membres ont à plusieurs reprises réaffirmé leur attachement à cette directive, la Commission européenne reste, elle, étonnamment silencieuse. Elle se mobilise lorsque les règlements sur les marchés numériques (DMA) sur les services numériques (DSA) sont mis en cause, mais se tait face aux attaques contre la directive SMA. En tant que gardienne de l’intérêt général européen et de la diversité culturelle, la Commission doit prendre davantage position alors que la directive sera révisée en 2026.
Les eurodéputés de la délégation française au Groupe S&D appellent donc la Commission à défendre clairement et fermement la directive SMA, et à ne pas répéter les dérives de l’ère Barroso, lorsque la Commission a tenté d’inclure le cinéma et l’audiovisuel dans un accord de libre-échange avec les États-Unis.
La défense de la directive SMA, c’est la défense de la diversité culturelle européenne et de notre capacité à façonner des imaginaires et des récits européens. C’est un enjeu de civilisation pour ne céder ni au tout-marché dans le cadre d’une mondialisation culturelle sans âme, ni aux narratifs autoritaires qui usent sans compter d’un nationalisme culturel assumé.