La délégation socialiste française a mené un premier échange de vue autour de la proposition faite par la Commission européenne d’organiser un examen des projets de budget nationaux au niveau européen. Les socialistes français et européens défendent une coordination européenne des politiques budgétaires et économiques. Cette coordination est d’autant plus importante que le budget européen reste limité.

Toutefois, souligne Liêm Hoang Ngoc, membre de la commission des affaires économiques, « les socialistes français ne sont pas dupes du contexte dans lequel cette proposition arrive : elle constitue le pendant rigide du plan d’urgence décidé le 9 mai, et porte en elle des menaces de plans de rigueur drastiques et une volonté de superviser les déficits publics. Pourtant tous les indicateurs démontrent que nous devons encore laisser jouer les stabilisateurs automatiques. Malheureusement, pour les libéraux et les conservateurs, peu importe le bon sens, peu importe l’impact de la crise, peu importe que l’endettement massif soit aussi dû aux plans de sauvetage des banques. Seule compte leur foi aveugle en l’efficience des marchés financiers. Seul compte le respect dogmatique d’un Pacte de Stabilité manifestement caduc. Nul besoin pour eux de créer les outils de gouvernance économique indispensables au renforcement de l’Union. ».

Pervenche Berès, rapporteure de la commission spéciale sur la crise financière, économique et sociale, ajoute : « Certains craignent que ce débat ne porte atteinte à la souveraineté budgétaire des Etats : pour nous, la principale menace réside aujourd’hui dans les marchés financiers. Aussi longtemps que les instances européennes et nationales ne viseront pas à combler les écarts commerciaux, fiscaux et sociaux dans la zone euro et au sein de l’Union dans son ensemble, la construction européenne restera structurellement faible et bancale, et en partie fragile vis à vis des spéculateurs. La coordination européenne des budgets nationaux, qui constitue une partie de la gouvernance économique, est indispensable. La proposition actuelle a le mérite pour les Etats membres de mettre sur la table le besoin de partager un diagnostic et une stratégie budgétaire. Mais l’approche est malheureuse en ce qui se présente comme un plaidoyer pour la rigueur. Il faut donner aux Etats membres l’envie de coopérer en proposant une valeur ajoutée. ».

Pour Catherine Trautmann, présidente de la délégation socialiste française, « nous devons également être vigilants et empêcher toute exclusion du pouvoir parlementaire dans les Etats membres : notre objectif consiste aujourd’hui à renforcer la coopération entre les Parlements nationaux et le Parlement européen afin de garantir la démocratie ».