« La situation en Méditerranée est dramatique. Cela ne peut pas durer« . C’est par ces mots que le président du Conseil européen Donald Tusk convoquait hier un sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne.
Les résultats de cette réunion sont-ils à la hauteur de l’urgence humanitaire qui se joue aux portes de l’Europe ? À la lecture de ses conclusions, il est permis d’en douter, mais cette déception n’est finalement pas très surprenante.
Elle ne l’est pas parce que tout simplement, cela fait des années que ces drames se répètent inlassablement. Les solutions concrètes existent pourtant, elles aussi, depuis des années. Malheureusement, l’ensemble de ces mesures sont mises en échec par des États membres qui ne se situent pas dans la logique de solidarité.
La réunion des ministres des Affaires étrangères et intérieures, convoquée en urgence ce lundi, nous en avait déjà donné un avant-goût. Si le Plan de dix actions, proposé à cette occasion par la Commission européenne, constituait une première étape dans la recherche de solutions, il apparaissait déjà déséquilibré, axé sur les aspects de surveillance et de contrôle et trop modeste sur les aspects de protection et de solidarité.
Comme un disque rayé, le Conseil européen a ainsi privilégié les mêmes recettes minimalistes. L’échec des politiques passées ne semble pas avoir entamé sa réflexion.
– Nous demandions la mise en place d’un mécanisme efficace de sauvetage en mer, c’est un renforcement a minima des opérations Triton et Poséidon menées par Frontex qui a été décidé ; certes, le budget alloué de 9 millions par mois correspond à celui consacré à l’opération italienne Mare Nostrum, mais sans un mandat clair et proactif sur ses capacités de recherche et de sauvetage.
– Nous demandions la création ou le renforcement de voies légales permettant aux personnes ayant besoin de protection de rejoindre l’Europe, c’est un projet pilote volontaire de réinstallation qui a vu le jour, sans propositions concrètes sur le nombre de places offertes. Au-delà de cette promesse dérisoire, les conclusions ne disent pas un mot sur les admissions à titre humanitaire, les visas ou bien encore le regroupement familial.
– Nous demandions l’application d’un mécanisme effectif de solidarité intra-européenne pour réduire la pression migratoire dans certains États membres, le résultat est quasiment inexistant : outre une assistance d’urgence renforcée, on se borne seulement ici à examiner les possibilités d’examen de l’examen d’un système de répartition des migrants entre les États membres.
– Nous demandions une coopération renforcée avec les pays d’origine et de transit selon des termes clairement définis et équilibrés, le Conseil européen ne tarit pas ici de propositions sur le sujet, mais malheureusement, cette coopération semble principalement axée sur la surveillance de leurs frontières, le renforcement de leurs capacités d’accueil et sur la réadmission des migrants déboutés.
– Nous demandions une lutte renforcée contre les trafiquants, là aussi, le Conseil européen prévoit toute une panoplie d’actions, de la nécessité de renforcer les poursuites judiciaires contre les trafiquants à l’élimination des stocks de navires à leur disposition, mais les solutions envisagées laissent craindre une quasi-militarisation des mesures engagées.
Le 13 mai prochain, la Commission européenne présentera un agenda européen sur les migrations, espérons que l’Europe et ses États membres pourront alors s’inscrire à la session de rattrapage ! Il est urgent que l’Union européenne et ses États membres construisent une politique européenne commune responsable et solidaire qui n’emprunte ni aux discours sensationnels de la peur, ni à ceux teintés d’angélisme. C’est ce nouveau cap que les Socialistes européens continueront à défendre pour mettre en œuvre une politique migratoire à la hauteur des valeurs et des enjeux européens.