La visite hier de José Manuel Barroso en Tunisie laisse un goût amer, avec comme trame de fond une crise profonde de solidarité européenne en matière d’accueil des migrants qui affluent sur les côtes méditerranéennes.

 

« Alors que la Tunisie doit faire face à de nombreux défis, tant humanitaires que politiques et économiques, Monsieur Barroso choisit de lui mettre la pression pour qu’elle renforce son rôle de garde-frontière aux portes de l’Europe. C’est une inversion des priorités, au moment où les fragiles autorités tunisiennes auraient dû être assurées d’être aidées à surmonter leurs difficultés », a déclaré Sylvie Guillaume, députée européenne, membre de la commission des Libertés civiles et des Affaires intérieures au Parlement européen.

 

Pour Catherine Trautmann, présidente de la délégation socialiste française au Parlement européen, « on aurait plutôt attendu un discours clair et ferme de soutien à la transition démocratique et d’appui à des politiques de développement économique qui sont les seules réponses valables pour prévenir l’exil de tant de Tunisiens vers l’Europe ».

 

« Loin des déclarations polémiques et visions à très court-terme, les événements récents devraient être l’occasion de mettre en perspective le débat sur les questions migratoires, en faveur d’une réelle politique commune et équilibrée des migrations, dans le cadre de politiques de voisinage et de développement renouvelées. Au lieu de cela, ce sont les réactions du « chacun pour soi », exploitées très opportunément par certains, qui ont été mises en lumière. Changeons donc de perspective ! », ont conclu les eurodéputées.