La déclaration d’intérêts de Thierry Breton a été examinée par la Commission des Affaires Juridiques (JURI) du Parlement européen qui a validé son acte de candidature à une très courte majorité d’une voix, preuve des controverses non résolues qui y sont attachées.
Après une première tentative ratée avec la nomination de Sylvie Goulard, E. Macron se montre toujours dans l’incapacité de proposer une candidature au-dessus de tout soupçons. En effet, la décision d’aujourd’hui porte seulement sur la résolution des conflits d’intérêts financiers immédiats – l’ancien PDG d’Atos a en effet vendu ses actions et renoncé à sa retraite chapeau pour les cinq années à venir – et ne règle pas la question de fond sur la prévalence de l’intérêt public sur les intérêts privés.
La Délégation de la Gauche Sociale et Écologique attend de l’audition au fond prévue ce jeudi 14 novembre avec les commissions parlementaires compétentes – auxquelles ses membres participeront directement – des éclaircissements sur la position du candidat sur le lobbying dont il a été un utilisateur et un bénéficiaire pendant des décennies.
Quelle stratégie va développer le candidat pour convaincre le collège lorsque se posera la création de champions européens – à l’instar de la fusion entre Alstom et Siemens refusée par la Commission – alors que la commissaire en charge Margrethe Vestager est hostile à ces principes industriels ?
Le portefeuille attribué du marché intérieur, de l’espace et de la défense est ensuite un chevauchement massif avec les intérêts des sociétés anciennement dirigées par M. Breton sur la cybersécurité, les télécommunications, la 5G, l’aérospatiale, la défense ou l’intelligence artificielle ; sujets sur lesquels il a développé une expertise professionnelle que personne ne peut nier par ailleurs. Mais alors s’il se déporte de toutes décisions qui concerneraient ATOS ou ses filiales, il aura probablement l’obligation de le faire sur un nombre incalculable d’affaires au cours des cinq prochaines années.
Pour les eurodéputés de la gauche sociale et écologique, l’Europe a besoin de garde-fous puissants pour se protéger de l’influence néfaste des lobbies. C’est notre combat au quotidien dans de nombreux textes législatifs. Nous continuons donc de regretter que cette candidature, qui pose encore de sérieux problèmes d’intégrité et de transparence, soit considérée pour le portefeuille aussi large que celui du marché intérieur, de l’espace et de la défense ainsi que du numérique.