Christophe Clergeau, Vice-Président du Groupe S&D, chef de file du Groupe S&D sur biocontrôle
Les pesticides sont, par nature, faits pour tuer ; ils ne peuvent donc être anodins. C’est pour cette raison que nous ne cessons de plaider pour développer des alternatives. Avec l’adoption de ce rapport d’initiative sur le biocontrôle, le Parlement européen envoie un message clair : des alternatives existent, et elles doivent devenir la norme.
Le biocontrôle est l’un des piliers de l’agroécologie. En reconnaissant son rôle central, le Parlement montre clairement qu’une stratégie crédible de sortie des pesticides chimiques est possible par le déploiement massif des solutions de biocontrôle. Désormais, la balle est dans le camp de la Commission européenne. Elle doit présenter rapidement une proposition législative ambitieuse pour :
– définir clairement le biocontrôle ;
– simplifier les procédures d’autorisation de mise sur le marché du biocontrôle tout en maintenant une évaluation des risques appropriée afin de garantir un haut niveau de protection de la santé et de l’environnement ;
– renforcer les moyens de l’EFSA et des états membres pour évaluer ces produits plus rapidement et plus efficacement.
Malheureusement, pendant que le Parlement européen trace une voie de transition, la Commission prépare, avec son projet d’« omnibus » sur les pesticides, un basculement radical dans la mauvaise direction. Le Commissaire européen à la Santé et au bien-être animal, Oliver Várhelyi, propose en effet de remettre en cause le principe de renouvellement périodique des autorisations de mise sur le marché des pesticides. Concrètement, il s’agirait pour une large majorité des pesticides de transformer des autorisations limitées dans le temps en autorisations pratiquement éternelles.
Une telle réforme serait en contradiction avec l’esprit des traités, qui imposent un haut niveau de protection de la santé humaine et de l’environnement, et catastrophique pour la transition agricole, car l’absence de renouvellement supprimerait toute incitation à développer des alternatives.
Pour traiter un problème réel, la lenteur et l’embouteillage dans les processus d’examen des dossiers de renouvellement au sein de l’EFSA et des États-membres, on pouvait choisir un autre chemin et d’autres solutions que le démantèlement de la législation existante.
Sous couvert de « simplification », ce projet offrirait surtout un avantage massif aux grandes entreprises de l’agrochimie, déchargées d’une partie de leurs obligations, tandis que les coûts seraient in fine supportés par les agriculteurs et les citoyens, exposés à une surveillance affaiblie et à un risque accru pour la santé et l’environnement.
Deux lignes politiques s’affrontent donc clairement :
– la nôtre, celle d’une Europe qui organise la sortie des pesticides, investit dans le biocontrôle et la gestion intégrée des ravageurs ;
– celle de la droite et de l’extrême droite, d’une Europe des autorisations éternelles de pesticides, qui affaiblit le suivi des risques et bloque le développement d’alternatives.
Avec ce rapport sur le biocontrôle, le Parlement européen a choisi la première voie.
Il revient maintenant à la Commission européenne de renoncer à l’idée d’autorisations sans limite de durée, de revoir en profondeur son projet d’omnibus sur les pesticides et de présenter dès 2025 un paquet législatif cohérent pour accélérer le déploiement du biocontrôle et protéger réellement la santé des citoyens, des agriculteurs et de l’environnement.