Les Autrichiens ont élu Alexander Van der Bellen président de la République. Premier réflexe, pousser un grand « ouf ! » de soulagement et féliciter les électeurs autrichiens qui ont fait barrage au FPÖ.

Mais cette nouvelle alerte à l’extrême droite dans un pays membre de l’Union européenne, de la zone euro, doit être prise au sérieux. A chaque élection nationale, tout se passe comme si nous attendions, tétanisés, qu’un scrutin dans un État ramène l’Europe 60 ans en arrière.

Face à cette situation, nous appelons à une réponse européenne : ensemble, nous devons refonder la social-démocratie européenne pour lutter contre l’extrême droite et armer nos concitoyens dans la bataille de la mondialisation. C’est le sens de l’appel parlementaire du 9 mai : www.lemonde.fr/idees/article/2016/05/09/pour-une-refondation-profonde-de-l-union-europeenne_4915966_3232.html.

Chacun doit faire preuve de responsabilité et de clarté : les partis de Gouvernement ne peuvent avoir aucune complaisance électoraliste à l’égard des idées extrémistes car, ce faisant, ils ne font que faire progresser des partis et des dirigeants dangereux pour la démocratie. Ils doivent s’interdire toute coalition avec des partis extrémistes et ne tolérer aucune dérive en leur sein. À ce titre, nous appelons les partis européens à agir fermement, que ce soit le PPE avec M. Orban ou le PSE avec M. Fico.

Si les électeurs autrichiens ont réussi à faire barrage à l’extrême droite, la menace brune est bien présente. Nous devons l’anticiper et, partout, la combattre. Parce que les forces qui sont à l’œuvre en Autriche sont aussi actives en Hongrie ou en Pologne et ailleurs en Europe, nous insistons sur l’importance d’un pacte européen pour les droits fondamentaux, pacte sur lequel travaille actuellement le Parlement européen.

L’Union européenne dispose de plusieurs instruments pour défendre ses valeurs : cadre de l’Union pour l’État de droit, procédure de l’article 7 du traité de l’Union européenne, procédures d’infraction devant la Cour de justice de l’Union européenne. Mais il n’existe aucun mécanisme de contrôle systématique et complet pour garantir l’effectivité de ces droits à l’échelle de l’Union.

Le pacte que nous préconisons s’inspire du pacte de stabilité et de croissance : il serait assorti de mesures de prévention et de possibles sanctions – économiques et politiques – au cas où un État membre serait coupable de violations des droits fondamentaux et refuserait d’y remédier.

La mise en œuvre de ce pacte se ferait autour de plusieurs mécanismes :

– un tableau de bord européen des droits fondamentaux pour chaque État membre ;

– un dialogue annuel sur les droits fondamentaux au sein des parlements nationaux, du Parlement européen et du Conseil ;

– mieux légiférer en garantissant la protection des droits de l’Homme ;

– utiliser l’article 2 du Traité et la Charte des droits fondamentaux comme bases juridiques pour les procédures d’infraction menées à l’encontre des États.

L’Europe de demain ne peut pas se construire en dehors du respect des droits fondamentaux ; ils sont la condition même de l’existence du projet européen. L’Europe doit se saisir de ce pacte et être en première ligne face aux marchands de mensonges et de haine !