La délégation de la gauche sociale et écologique défend depuis des années – bien avant l’élection d’Emmanuel Macron à la Présidence de la République française – un ajustement carbone aux frontières. Le principe de cette proposition est simple : lutter contre le dumping environnemental en taxant les importations vers l’Union européenne des produits issus des secteurs les plus émetteurs en carbone – ciment, acier, aluminium, engrais et électricité – sur la base du prix européen de la tonne de CO2. « Aussi nous serions les premiers à nous réjouir si la proposition était effectivement adoptée comme l’a expliqué Bruno Le Maire hier » explique Éric Andrieu, eurodéputé socialiste membre de la commission en charge de l’environnement.
« Mais parce que la Présidence française du Conseil de l’Union européenne a fait de ce sujet une priorité en terme de communication – et parce que du fait du calendrier et de l’élection présidentielle la PFCUE touche prématurément à sa fin – la logique de la com’ l’emporte sur la réalité des faits : en l’occurrence, le résultat obtenu hier par Bruno Le Maire sur l’ajustement carbone aux frontières est une « approche générale ». Ce n’est donc qu’une première étape, et nous sommes très loin d’une « adoption ». Par ailleurs, le texte met sous le tapis la plupart des sujets conflictuels : rien la suppression des quotas gratuits ; rien sur l’utilisation des revenus ; rien sur les aides aux exportations » ajoute l’eurodéputé.
« En plus du fait que « l’approche générale » adoptée au Conseil est très vague sur le fond, faut-il rappeler que le Parlement européen est colégislateur et qu’il doit encore adopter son mandat de négociation ? Pourquoi ne l’avons-nous pas fait d’ailleurs : tout simplement car ce dossier doit être traité en lien avec toutes les autres composantes du paquet FitFor55, ce que la France n’a pas fait. C’est du travail bâclé, tout simplement ! » dénonce Éric Andrieu.
« Cet enfumage en règle pour crier victoire nous rappelle le tout début du quinquennat d’Emmanuel Macron avec, déjà, les mêmes méthodes, sur le détachement des travailleurs. Certains sont des Européens velléitaires ; avec ce Gouvernement nous découvrons les Européens prestidigitateurs ! » concluent les membres de la délégation de la gauche sociale et écologique