Depuis la chute du gouvernement afghan en août 2021 et le retour des talibans au pouvoir, la situation des droits humains en Afghanistan ne cesse de s’aggraver. Les talibans ont instauré un régime de terreur marqué par la répression, la violence et l’exclusion systématique des femmes, des minorités et des voix dissidentes. Face à cette situation, le Parlement européen se mobilise et a adopté une résolution forte pendant cette plénière à Strasbourg.
Les persécutions visant les femmes et les filles doivent cesser : nous ne pouvons tolérer qu’elles soient confinées à domicile, privées d’accès aux soins et à la santé, d’éducation, interdites de travail, d’expression et de mobilité, effacées de la vie publique. Depuis décembre dernier, les talibans sont allés plus loin encore en interdisant aux femmes de plusieurs provinces d’être soignées par des médecins hommes, avec des conséquences gravissimes pour nombre d’entre-elles, en particulier sur la mortalité maternelle. En septembre dernier, le pouvoir a coupé l’accès des femmes à l’éducation numérique et aux marchés internationaux (moins de 7% d’entre elles ont aujourd’hui un compte bancaire), interdisant la fibre et le WiFi dans plusieurs provinces. Cette mesure a paralysé les cours en ligne et les activités d’ONG ou d’entreprises dirigées par des femmes.
Parallèlement, la répression politique s’intensifie : détentions arbitraires, disparitions forcées, torture, exécutions sommaires et censure des journalistes. Des centaines de détenus risquent aujourd’hui la peine de mort. Le système judiciaire a été démantelé et remplacé par une application arbitraire et extrémiste de la charia.
À cette oppression s’ajoute une crise humanitaire dramatique : près de 22 millions de personnes, soit la moitié de la population, dépendent de l’aide internationale. Les catastrophes naturelles, comme le séisme du 31 août qui a tué au moins 800 personnes et détruit des villages entiers, aggravent encore la situation. Les règles imposées par les talibans ont empêché nombre de femmes blessées de recevoir rapidement des soins vitaux, faute de tuteur masculin.
Avec le groupe S&D notre délégation appelle à une réponse européenne ferme et solidaire :
- nous condamnons l’application extrémiste de la charia par les talibans et leur politique d’oppression et d’effacement systémique des femmes, qui constitue un véritable apartheid de genre ;
- nous exigeons le rétablissement immédiat des droits fondamentaux des femmes et des filles, notamment l’accès aux soins, à l’éducation et au travail ;
- nous demandons aux talibans de mettre fin à la peine de mort, aux exécutions publiques et aux châtiments cruels, et de respecter les droits des femmes, des filles, des minorités ethniques, religieuses et LGBTIQ+ ;
- nous appelons à garantir un accès sans entraves aux organisations humanitaires, pour que l’aide puisse être distribuée sans discrimination ;
- nous demandons à l’Union européenne et à ses États membres de renforcer l’aide humanitaire, de soutenir la société civile afghane et d’accorder des visas humanitaires aux femmes persécutées et aux défenseurs des droits humains ;
- enfin, nous soutenons les appels de la société civile afghane pour que les talibans soient tenus responsables de leurs crimes, y compris devant la Cour pénale internationale, et pour un renforcement des sanctions européennes contre leurs dirigeants.
Pour notre délégation, le constat est sans appel : l’Afghanistan vit sous le joug d’un régime de terreur et d’un apartheid de genre sans équivalent. L’Union européenne n’a pas le droit de détourner le regard : elle doit agir avec fermeté, soutenir les victimes et tenir les talibans responsables de leurs crimes.