« La Commission a proposé sa vision pour une gestion intégrée des frontières extérieures de l’Union européenne. L’objectif annoncé par le Commissaire Frattini de ce « paquet frontières » est de renforcer la sécurité aux frontières tout en facilitant les déplacements et en luttant contre l’immigration irrégulière.

Ce paquet de mesures n’aura pourtant pour résultat que de stigmatiser les citoyens de pays tiers en les désignant chacun comme un potentiel immigrant illégal ou un terroriste en puissance avant même qu’ils soient entrés sur le territoire européen, alors que nous savons que ce sont les actions ciblées qui sont les plus efficaces en la matière.

Le système « d’entrée-sortie » du Commissaire Frattini ne permettra en aucun cas de lutter contre l’immigration illégale puisqu’il permet uniquement d’enregistrer le moment de l’entrée ou de la sortie de la personne concernée. Cette mesure permettra donc tout au plus d’avoir une idée du nombre de personnes qui restent au-delà de la durée légale de leur séjour. On peut par conséquent s’interroger sur la proportionnalité de cette proposition. Il est par ailleurs prématuré de faire cette proposition alors que le VIS contenant les données biométriques n’est pas encore opérationnel et qu’il est difficile d’identifier les difficultés de gestion d’une banque de données de cette envergure contenant des données biométriques. Notons que le passeport biométrique n’est pas inviolable et qu’il a été prouvé qu’il était aisé d’usurper une identité.

La création du système Eurosur devrait permettre des actions que nous demandons de l’Agence Frontex depuis des mois. Le Commissaire devrait se concentrer sur la bonne mise en œuvre des instruments européens existants et d’en évaluer leur efficacité avant de faire de nouvelles propositions. Nous risquons avec ces nouvelles mesures, qui vont avoir un coût exorbitant, de mettre en place une surveillance de tous les citoyens se déplaçant dans l’Union ce qui n’est pas acceptable.

Ce n’est pas en créant une société sécuritaire que nous pourrons diminuer le nombre d’entrées illégales en Europe, mais c’est d’une part en permettant aux personnes qui le souhaitent d’arriver légalement en Europe et d’autre part en aidant massivement les pays qui souffrent de la misère et des conflits. On ne peut accepter l’idée d’une Europe Forteresse qui est un fantasme pour rassurer les populations. Ces mesures risquent enfin de mettre en péril l’accès à la protection internationale et aux procédures d’asile en empêchant les personnes qui recherchent la sécurité d’arriver en Europe. »

Strasbourg, le 19 février 2008