Thomas Pellerin-Carlin, membre de la commission du contrôle budgétaire

 

Les socialistes et démocrates au Parlement européen dénoncent une nouvelle fois la dérive maccarthyste du groupe PPE, qui s’aligne sur l’extrême droite pour transformer la commission du contrôle budgétaire en instrument de chasse aux sorcières contre la société civile.

Le PPE a pris la tête de la création d’un « groupe de contrôle » au sein de la commission CONT, exclusivement dédié au financement des ONG sur le budget de l’UE. Il a refusé la proposition du groupe S&D d’élargir le mandat à l’ensemble des bénéficiaires de fonds européens : organisations de la société civile, entreprises privées, multinationales, lobbys, gouvernements nationaux et institutions européennes. En parallèle, le PPE a refusé de renforcer les règles de transparence qui s’imposent aux eurodéputés.

Autrement dit : le PPE et l’extrême droite ne cherchent pas la transparence, il cherche une cible, un bouc émissaire. C’est du pur maccarthysme.

C’est pour cette raison que nous avons décidé de ne pas participer ce “groupe de contrôle” biaisé. Nous refusons de cautionner un dispositif conçu pour porter un seul récit : celui de l’extrême droite, qui veut criminaliser les ONG, intimider les associations, et faire taire les voix critiques. Nous refusons de siéger dans un tribunal politique à charge contre celles et ceux qui défendent les droits humains, l’État de droit, la protection de l’environnement, l’égalité et la justice sociale.

Nous rappelons que la Cour des comptes européenne a confirmé la légalité, la régularité et la transparence des financements aux ONG. Il n’existe aucun fondement juridique pour rouvrir ce procès permanent de la société civile au sein de la commission du contrôle budgétaire. Persister dans cette voie, c’est s’acharner sans preuve : c’est exactement ce qui caractérise le maccarthysme.

Pour les socialistes et démocrates, la société civile n’est pas une menace : au contraire, c’est la clé de voûte d’une démocratie vivante. Attaquer les ONG, c’est attaquer les contre-pouvoirs, la liberté d’association, la capacité des citoyens à s’organiser pour défendre l’intérêt général, pour contrôler leurs représentants.

Nous sommes et restons les partisans les plus fermes de la transparence : mais une transparence pour tout le monde, sans exception. Si l’on veut renforcer le contrôle de l’utilisation de l’argent public européen, alors il faut examiner tous les bénéficiaires – grandes entreprises, cabinets de conseil, lobbys industriels, autorités nationales – pas seulement les ONG. Le refus du PPE et de l’extrême droite d’accepter ce mandat large dévoile son intention véritable : mener une offensive ciblée contre la société civile.

Le groupe de contrôle de la commission CONT, qui doit tenir sa réunion constitutive à Strasbourg le 26 novembre, avec un rapport final confié à un duo PPE–ECR, est construit pour dérouler un récit unique : celui de la suspicion généralisée contre les ONG. Nous n’y participerons pas.

A l’intérieur et à l’extérieur du Parlement européen, nous défendrons la transparence pour toutes et tous, protégerons les organisations de la société civile contre ces dérives maccarthystes, et nous battrons pour une démocratie européenne réelle, pluraliste et vivante.