Nora Mebarek, Vice-Présidente de la Commission du Développement Régional, co-Présidente de la Délégation française du Groupe S&D, membre de la commission spéciale sur la crise du logement

 

Le Parlement européen adoptera cette semaine à Strasbourg le premier texte de cette mandature consacré à la crise du logement. Pour notre groupe, il s’agit d’une avancée attendue et nécessaire : l’accès à un logement digne et abordable est un droit fondamental.

Depuis 2010, les prix du logement ont augmenté de 48 % en Europe. Des millions de ménages – en particulier les jeunes, les familles modestes et les habitants des zones urbaines et touristiques – font face à une surcharge insupportable de leurs coûts de logement. Dans les régions ultrapériphériques, la situation est encore plus dramatique.

Parallèlement, le logement social s’est effondré pour ne représenter plus que 8 % du parc, tandis que 1,3 million de personnes sont sans abri, dont 400 000 enfants.

Ce rapport reprend plusieurs de nos priorités afin d’agir concrètement pour garantir un logement aux Européens :

– Reconnaissance du droit au logement au niveau européen, du logement social à l’accession à la propriété ;

– Doublement des crédits de la politique de cohésion pour le logement, de 7,5 à 15 milliards €, afin de répondre à l’urgence ;

– Création d’une plateforme européenne d’investissements pour le logement durable et abordable, en partenariat avec la BEI, pour fournir aux collectivités, bailleurs sociaux et coopératives des prêts à long terme à taux réduits ;

– Mobilisation du FSE+ pour former des dizaines de milliers de travailleurs du bâtiment et répondre à la pénurie de main-d’œuvre, avec l’objectif de 35 millions de rénovations d’ici 2030 ;

– Réforme des règles européennes sur les aides d’État, afin d’inclure tout le logement abordable et pas seulement le logement social ;

– Lutte contre la spéculation, la financiarisation et la location touristique de courte durée : conditions de durée pour les projets financés par la cohésion, obligation que les biens restent dans le domaine public, social ou coopératif, et garanties pour le « droit de rester » en zones urbaines ;

– Soutien spécifique aux jeunes et étudiants, via des logements étudiants abordables et des aides ciblées pour les jeunes ménages ;

Pour la délégation française du groupe S&D, ce texte constitue une victoire politique : il affirme clairement que le logement n’est pas une marchandise mais un droit. Il fixe une ligne de résistance contre les logiques spéculatives, met en avant les collectivités locales, les bailleurs sociaux et les coopératives, et ouvre la voie à une réforme ambitieuse des règles européennes.

Nous resterons vigilants face aux tentatives de la droite et de l’extrême droite de diluer la reconnaissance du droit fondamental au logement ou d’affaiblir les garde-fous contre la financiarisation. Le logement doit redevenir un pilier du projet européen car comme la santé ou l’éducation, il est au cœur de la dignité et de l’égalité.